Le secteur de l’édition de chaînes thématiques occupe une position stratégique dans le paysage audiovisuel français et international. Sous le code NAF 60.20B, cette activité englobe les entreprises spécialisées dans la conception, la production et la diffusion de chaînes de télévision centrées sur des thématiques spécifiques. Dans un environnement médiatique en constante évolution, ces acteurs se distinguent par leur capacité à cibler des audiences précises autour de centres d’intérêt définis : sport, cinéma, histoire, cuisine, science, jeunesse ou encore information. Avec l’avènement du streaming et des plateformes OTT (Over-The-Top), ce secteur connaît actuellement une redéfinition profonde de ses modèles économiques et de ses stratégies de distribution, tout en maintenant sa mission essentielle : proposer des contenus spécialisés et de qualité à des publics segmentés.
Panorama économique du secteur
Le secteur de l’édition de chaînes thématiques représente une composante dynamique du marché audiovisuel français. Cette classification, identifiée par le code NAF 60.20B, s’inscrit dans la division 60 (Programmation et diffusion) et le groupe 60.2 (Programmation de télévision et télédiffusion) de la Nomenclature d’Activités Française établie par l’INSEE.
Un écosystème en transformation
Contrairement aux chaînes généralistes (classées sous le code 60.20A), les éditeurs de chaînes thématiques se concentrent sur des contenus ciblés répondant aux attentes de segments d’audience spécifiques. Ce secteur a connu plusieurs phases d’évolution : d’abord le développement initial avec l’essor de la télévision par câble et satellite dans les années 1990, puis une phase de consolidation, et aujourd’hui une profonde mutation face à la concurrence des plateformes de streaming.
Le marché français des chaînes thématiques représente environ 150 chaînes actives, générant un chiffre d’affaires global estimé à plus de 1,5 milliard d’euros. Ces chaînes emploient directement près de 5 000 professionnels et indirectement des milliers d’autres à travers les productions externalisées.
Le saviez-vous ?
Contrairement aux idées reçues, la fragmentation des audiences n’a pas fragilisé les chaînes thématiques mais a plutôt renforcé leur pertinence : alors que les chaînes généralistes perdent des parts d’audience, certaines chaînes thématiques voient leur audience progresser grâce à leur expertise reconnue dans des domaines spécifiques.
Définition et classification
Le code NAF 60.20B correspond aux activités d’édition de chaînes thématiques, un segment distinct au sein du secteur audiovisuel français. Cette classification mérite d’être précisée pour bien comprendre son périmètre d’application.
Délimitation précise du périmètre
Cette catégorie englobe les entreprises dont l’activité principale consiste à assembler, programmer et diffuser des chaînes de télévision spécialisées autour de thématiques clairement identifiées. Ces thématiques peuvent être :
- Le sport (comme beIN Sports, Eurosport, RMC Sport)
- Le cinéma et les séries (comme OCS, Ciné+)
- La documentation et le savoir (comme Histoire TV, National Geographic, Planète+)
- La musique (comme MTV, NRJ Hits)
- L’information en continu (comme BFMTV, CNews, LCI)
- La jeunesse (comme Gulli, Disney Channel, Cartoon Network)
- Les thématiques lifestyle (comme Elle Girl, Téva)
Il est essentiel de noter que cette classification couvre uniquement l’édition des chaînes, c’est-à-dire la conception, la programmation et la diffusion du signal. Elle ne comprend pas la production des contenus diffusés, qui relève d’autres codes NAF (notamment 59.11A pour la production de films et programmes pour la télévision).
Activités principales et secondaires
L’édition de chaînes thématiques couvre un spectre d’activités qui va bien au-delà de la simple diffusion de programmes. Ce secteur intègre plusieurs fonctions complémentaires qui forment l’ensemble de la chaîne de valeur.
Activités couvertes par le code 60.20B
Les entreprises classées sous le code NAF 60.20B sont principalement engagées dans :
- L’acquisition de droits de diffusion : négociation et achat de droits pour diffuser des contenus produits par des tiers (films, séries, documentaires, événements sportifs)
- La programmation : élaboration de la grille des programmes, planification des diffusions et rediffusions
- L’assemblage de contenus : sélection, organisation et séquençage des programmes pour créer une ligne éditoriale cohérente
- La diffusion technique : transmission du signal via différents canaux (satellite, câble, TNT, IPTV, OTT)
- La valorisation publicitaire : commercialisation d’espaces publicitaires auprès des annonceurs
- La distribution : négociation avec les plateformes et opérateurs pour la reprise du signal
Les activités connexes
Certaines activités, bien que fréquemment exercées par ces entreprises, ne relèvent pas directement du code 60.20B :
- La production de contenus originaux (codes 59.11A ou 59.11B)
- Les activités techniques de post-production (code 59.12Z)
- L’exploitation de plateformes de vidéo à la demande (code 59.13B)
- Les activités d’agence de presse (code 63.91Z)
Toutefois, dans la pratique, de nombreux acteurs du secteur ont développé une intégration verticale et exercent plusieurs de ces activités complémentaires, créant ainsi des groupes multimédias aux frontières de plusieurs codes NAF.
Tendances et évolutions du marché
Le secteur de l’édition de chaînes thématiques traverse une période de transformation structurelle majeure, sous l’effet de plusieurs facteurs convergents qui redessinent les contours du marché.
La révolution du streaming
L’émergence des plateformes de streaming (Netflix, Disney+, Amazon Prime Video, etc.) a profondément modifié les habitudes de consommation des contenus audiovisuels. Face à cette concurrence, les chaînes thématiques ont dû repenser leurs stratégies en développant leurs propres offres OTT et en explorant de nouvelles modalités de distribution.
On observe une intensification de la production de contenus originaux exclusifs, devenus un facteur clé de différenciation. Les chaînes thématiques investissent davantage dans des programmes propriétaires pour se distinguer des plateformes généralistes et justifier leur valeur ajoutée.
Nouvelles dynamiques économiques
Le modèle économique traditionnel des chaînes thématiques, principalement basé sur un financement mixte (abonnements et publicité), connaît des évolutions significatives :
- La pression sur les redevances de distribution versées par les opérateurs s’accentue
- De nouvelles formes de monétisation émergent (branded content, événementiel, e-commerce)
- Les investissements technologiques deviennent stratégiques (plateformes, systèmes de recommandation)
- Les stratégies de distribution se diversifient (FAST channels, chaînes YouTube, podcasts)
Selon les dernières données du CSA (devenu ARCOM), le marché des chaînes thématiques payantes a connu une légère contraction de 2% en 2021, mais avec des disparités importantes selon les thématiques. Les chaînes d’information et de sport ont plutôt bien résisté, tandis que les chaînes cinéma et jeunesse ont davantage souffert de la concurrence des plateformes.
Concentration et internationalisation
Le secteur connaît un mouvement continu de concentration, avec l’émergence de quelques grands groupes qui détiennent plusieurs chaînes thématiques complémentaires (Canal+, M6, TF1, Altice, etc.). Cette tendance s’accompagne d’une internationalisation croissante, avec l’arrivée d’acteurs étrangers sur le marché français et l’expansion à l’international des groupes français, notamment en direction de la francophonie et de l’Afrique.
Environnement réglementaire
Les entreprises relevant du code NAF 60.20B évoluent dans un cadre réglementaire spécifique, particulièrement structuré en France où l’audiovisuel fait l’objet d’une régulation soutenue.
Un secteur fortement encadré
L’édition de chaînes thématiques est soumise à la surveillance de l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, née de la fusion entre le CSA et HADOPI). Cette autorité délivre les autorisations d’émettre et veille au respect des obligations légales et conventionnelles.
Les principales réglementations spécifiques au secteur comprennent :
- Les conventions signées avec l’ARCOM, qui fixent les obligations de chaque chaîne
- Les quotas de diffusion d’œuvres européennes et d’expression originale française
- Les obligations d’investissement dans la production audiovisuelle et cinématographique
- Les règles encadrant la publicité, le parrainage et le placement de produit
- La protection des mineurs et la signalétique jeunesse
- Les règles de pluralisme, particulièrement pour les chaînes d’information
Ces obligations varient selon la thématique et le mode de distribution des chaînes : les chaînes disponibles en TNT sont soumises à des obligations plus strictes que celles uniquement distribuées par câble, satellite ou IPTV.
Évolutions réglementaires récentes
La transposition de la directive européenne SMA (Services de Médias Audiovisuels) révisée a introduit plusieurs évolutions notables :
- L’extension de certaines obligations aux plateformes de partage de vidéos
- Le renforcement des règles de promotion des œuvres européennes
- L’assouplissement de certaines règles publicitaires
La loi relative à la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique, entrée en vigueur en 2021, a également modifié plusieurs aspects du cadre réglementaire, notamment pour mieux intégrer les nouveaux acteurs numériques et adapter les obligations de financement de la création.
En matière fiscale, les chaînes thématiques sont assujetties à des taxes spécifiques au secteur audiovisuel, comme la taxe sur les services de télévision (TST) gérée par le CNC, qui contribue au financement de la création.
Codes NAF connexes et différences
Pour bien comprendre le positionnement du code 60.20B dans l’écosystème audiovisuel, il est essentiel d’identifier les codes NAF connexes et de saisir leurs nuances.
Code NAF | Intitulé | Principale différence avec 60.20B |
---|---|---|
Code NAF 60.20A | Édition de chaînes généralistes | Concerne les chaînes proposant une programmation variée et non spécialisée, s’adressant à un large public (TF1, France 2, M6, etc.) |
Code NAF 60.10Z | Édition et diffusion de programmes radio | Couvre les activités similaires mais pour le média radio, avec des spécificités techniques et réglementaires différentes |
Code NAF 59.11A | Production de films et de programmes pour la télévision | Concerne la création et la réalisation de contenus, et non leur assemblage et leur diffusion |
Code NAF 59.13B | Édition et distribution vidéo | Couvre les plateformes VOD et la distribution de contenus à l’unité, non sous forme de chaînes linéaires |
Code NAF 63.12Z | Portails Internet | Concerne les acteurs proposant des contenus vidéo en ligne mais sans constituer de véritables chaînes thématiques structurées |
Cette cartographie met en évidence la position spécifique des éditeurs de chaînes thématiques dans la chaîne de valeur audiovisuelle. À la différence des producteurs qui créent les contenus (59.11A) et des distributeurs qui les commercialisent (59.13B), les éditeurs sous le code 60.20B ont pour mission essentielle d’assembler ces contenus en une offre cohérente et de les diffuser sous forme de flux linéaire.
Il est intéressant de noter qu’avec la convergence numérique, les frontières entre ces différentes activités tendent à s’estomper. De nombreux groupes audiovisuels intègrent désormais verticalement plusieurs maillons de cette chaîne de valeur, rendant parfois difficile l’attribution d’un code NAF unique qui reflète parfaitement la diversité de leurs activités.
Stratégies de prospection B2B
Le secteur de l’édition de chaînes thématiques présente des opportunités commerciales B2B spécifiques qui nécessitent une approche de prospection adaptée.
Cartographie des besoins sectoriels
Les entreprises du code NAF 60.20B ont des besoins particuliers dans plusieurs domaines :
- Technologies et équipements : solutions de diffusion, plateformes OTT, outils de gestion des médias, systèmes d’automatisation
- Services juridiques : négociation des droits, contrats de distribution, conformité réglementaire
- Contenus : acquisition de programmes, coproductions, formats
- Études et data : mesure d’audience, analyse comportementale, études marketing
- Services marketing : stratégies de promotion, identité visuelle, campagnes d’acquisition
- Support technique : maintenance, sécurité, cloud, développement logiciel
Segmentation efficace pour la prospection
Pour optimiser les démarches commerciales auprès des acteurs du secteur, plusieurs critères de segmentation s’avèrent pertinents :
- Par thématique : sport, cinéma, information, jeunesse, documentaire, lifestyle…
- Par taille et rayonnement : chaînes nationales majeures, chaînes de niche, chaînes locales
- Par modèle économique : payant, gratuit financé par la publicité, mixte
- Par appartenance à un groupe : chaînes indépendantes vs chaînes intégrées à des groupes
- Par degré de maturité numérique : chaînes traditionnelles, chaînes nativement numériques
Avec Datapult.ai, vous pouvez accéder à des données précises sur les entreprises du code 60.20B, incluant leur taille, leur ancienneté, leur localisation et leurs dirigeants, pour affiner votre ciblage commercial.
Approches commerciales recommandées
L’expérience montre que certaines stratégies sont particulièrement efficaces pour aborder ce secteur :
- Privilégier une approche consultative centrée sur les enjeux de transformation numérique
- Mettre en avant les cas d’étude et références dans le secteur des médias
- Participer aux salons professionnels spécialisés (MIPTV, MIPCOM, Série Series, Sunny Side of the Doc)
- Développer une expertise sectorielle démontrable et des contenus à valeur ajoutée
- Proposer des solutions adaptées aux cycles budgétaires spécifiques du secteur
L’écosystème relativement restreint des chaînes thématiques en France (environ 150 acteurs significatifs) implique une approche commerciale qualitative plutôt que quantitative, avec un fort accent mis sur la construction de relations de long terme.
Exploiter les données sectorielles pour votre prospection
Dans un secteur aussi spécifique que l’édition de chaînes thématiques, une approche commerciale basée sur les données offre un avantage concurrentiel déterminant pour les entreprises B2B cherchant à adresser ce marché.
Ciblage géographique spécifique
Les entreprises du code NAF 60.20B présentent une forte concentration géographique, avec près de 70% des acteurs situés en Île-de-France, principalement dans l’ouest parisien et à Boulogne-Billancourt où se trouve un véritable pôle médias. Cette concentration facilite une approche commerciale territoriale efficace, permettant d’optimiser les déplacements commerciaux et l’organisation d’événements ciblés.
Dans une moindre mesure, des clusters secondaires existent à Lyon, Marseille et Lille, souvent autour de chaînes thématiques à vocation régionale. Ces acteurs, moins sollicités que leurs homologues parisiens, peuvent constituer des cibles de prospection pertinentes avec des besoins spécifiques liés à leur rayonnement territorial.
Analyse du cycle de vie et moments clés
Les entreprises d’édition de chaînes thématiques suivent un cycle d’investissement particulier qu’il est judicieux d’anticiper pour une prospection efficace :
- Renouvellement de plateformes techniques (généralement tous les 4-5 ans)
- Refonte d’identité visuelle (tous les 3-4 ans en moyenne)
- Lancement de nouvelles chaînes ou extensions numériques (occasions de nouveaux besoins)
- Acquisition de droits majeurs (sports, cinéma) entraînant des besoins associés
- Évolutions réglementaires imposant des adaptations techniques ou organisationnelles
En suivant ces moments clés grâce à une veille sectorielle ciblée, vous pouvez intervenir au moment le plus opportun dans le cycle décisionnel de ces entreprises.
Enfin, rappelons que ce secteur en pleine mutation numérique présente des opportunités significatives pour les fournisseurs de solutions innovantes, particulièrement dans les domaines de l’intelligence artificielle appliquée aux médias, de la personnalisation des contenus et des nouvelles formes de monétisation. Dans ce paysage en recomposition, une démarche commerciale basée sur la compréhension fine des enjeux sectoriels et l’exploitation pertinente des données d’entreprises constitue un facteur clé de succès.