Le secteur de la recherche-développement en sciences humaines et sociales (code NAF 72.20Z) représente l’un des piliers fondamentaux de l’innovation non technologique en France. Cette catégorie regroupe les institutions, laboratoires et organisations qui œuvrent à comprendre les comportements humains, les structures sociales et les phénomènes culturels. Contrairement aux idées reçues, ce domaine ne se limite pas au cadre académique – il englobe également des acteurs privés, des think tanks et des organismes consultatifs qui produisent des connaissances destinées à éclairer les politiques publiques, les stratégies d’entreprises et les transformations sociétales. Dans un monde en pleine mutation, cette classification prend une importance croissante pour anticiper et comprendre les évolutions des sociétés contemporaines.
Panorama économique du secteur
Le secteur de la recherche en sciences humaines et sociales constitue un écosystème complexe qui combine financement public et privé. Historiquement considéré comme moins visible que la recherche en sciences dites “dures”, ce domaine a pourtant démontré sa valeur stratégique dans l’économie de la connaissance.
Un secteur aux multiples visages
La nomenclature 72.20Z s’inscrit dans la division 72 de la NAF (Recherche-développement scientifique) et plus précisément dans le groupe 72.2 dédié à la R&D en sciences humaines et sociales. Cette classification se distingue nettement du code 72.19Z qui concerne la recherche en sciences naturelles et en ingénierie. Cette distinction reflète la spécificité méthodologique et épistémologique des SHS (Sciences Humaines et Sociales).
Les acteurs concernés par ce code présentent une grande diversité : universités, CNRS, INED, laboratoires indépendants, cabinets d’études sociologiques, instituts de sondage réalisant des travaux de fond, fondations privées menant des recherches en économie ou en sciences politiques. Par essence multidisciplinaire, ce secteur couvre des domaines aussi variés que l’économie, la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, les sciences politiques, l’histoire, la géographie humaine ou encore la linguistique.
Définition et classification
Le code NAF 72.20Z délimite précisément le périmètre des activités considérées comme relevant de la recherche-développement en sciences humaines et sociales, avec des frontières parfois subtiles avec d’autres secteurs.
Contours et spécificités de la nomenclature
Cette classification englobe les travaux de recherche fondamentale et appliquée visant à produire de nouvelles connaissances dans les disciplines des sciences humaines et sociales. Contrairement à d’autres secteurs industriels, la R&D en SHS présente plusieurs particularités :
- Une méthodologie axée sur la compréhension qualitative et quantitative des phénomènes humains et sociaux
- Un rapport particulier à l’innovation, qui se mesure davantage en termes d’avancées conceptuelles que de brevets
- Un impact souvent diffus et à long terme sur les politiques publiques et les pratiques sociales
- Une forte dimension collaborative et interdisciplinaire
Il est important de noter que cette classification exclut les simples études de marché (code 73.20Z), le conseil en affaires (70.22Z), ainsi que l’enseignement supérieur lorsque celui-ci n’implique pas une activité de recherche structurée (85.42Z).
Activités principales et secondaires
Les organismes classés sous le code 72.20Z exercent un éventail d’activités qui partagent l’objectif commun de faire progresser les connaissances en sciences humaines et sociales.
La recherche fondamentale en SHS
Au cœur de ce secteur se trouve la recherche fondamentale, qui vise à développer des théories, des concepts et des méthodes pour comprendre les phénomènes sociaux et humains sans application immédiate. Cette activité comprend :
- L’étude des structures sociales et des systèmes économiques
- L’analyse des comportements individuels et collectifs
- La recherche sur l’histoire et l’évolution des sociétés
- Les travaux sur les systèmes culturels et linguistiques
- L’exploration des processus cognitifs et psychologiques
La recherche appliquée et la R&D collaborative
Une part croissante du secteur se consacre à la recherche appliquée, qui vise à résoudre des problèmes concrets à travers :
- L’évaluation des politiques publiques
- Les études d’impact social ou environnemental
- La recherche-action en collaboration avec des acteurs de terrain
- Le développement d’outils de mesure et d’analyse des phénomènes sociaux
- La prospective sociale et économique
Ces activités peuvent prendre diverses formes : enquêtes qualitatives et quantitatives, analyse de données massives, modélisation sociale, recherches ethnographiques, expérimentations comportementales ou encore études longitudinales.
Le saviez-vous ?
La recherche en sciences humaines et sociales française a été pionnière dans le développement de méthodes innovantes comme l’analyse des correspondances multiples, conceptualisée par Pierre Bourdieu et son équipe, qui révolutionna l’approche quantitative des phénomènes sociaux. Cette méthode est aujourd’hui utilisée mondialement, y compris dans le marketing et l’analyse des comportements de consommation.
Tendances et évolutions du marché
Le secteur de la R&D en sciences humaines et sociales connaît actuellement des transformations majeures qui redéfinissent ses contours et ses pratiques.
Données chiffrées et trajectoires
En France, ce secteur représente environ 22% des effectifs totaux de chercheurs, avec plus de 15 000 chercheurs publics et environ 5 000 dans le secteur privé. Selon les dernières données du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, les sciences humaines et sociales bénéficient d’environ 12% des financements publics de recherche, un chiffre relativement stable mais qui masque d’importantes disparités entre disciplines.
L’écosystème français compte approximativement 300 unités de recherche labellisées dédiées aux SHS, principalement rattachées aux universités et au CNRS. Le secteur privé, quoique moins visible, connaît une croissance significative avec l’émergence de structures hybrides combinant recherche académique et applications commerciales.
Mutations contemporaines
Plusieurs tendances majeures redessinent actuellement ce secteur :
- Digitalisation et humanités numériques : L’explosion des données numériques a fait émerger de nouveaux champs comme les digital humanities, transformant profondément les méthodes de recherche
- Internationalisation : La recherche française s’inscrit désormais dans des réseaux globaux, avec une pression croissante pour publier en anglais et participer à des consortiums internationaux
- Interdisciplinarité : Les frontières disciplinaires s’estompent avec l’émergence de domaines hybrides comme la neuroéconomie ou l’anthropologie cognitive
- Demande d’impact sociétal : Les financeurs exigent de plus en plus que la recherche démontre sa contribution aux grands défis sociétaux
- Précarisation : L’augmentation du financement par projet entraîne une montée des contrats temporaires au détriment des postes permanents
Environnement réglementaire
La recherche en sciences humaines et sociales s’inscrit dans un cadre réglementaire spécifique qui structure ses activités tout en présentant des enjeux particuliers.
Cadre juridique spécifique
Les entités classées sous le code 72.20Z sont soumises à plusieurs dispositifs légaux qui encadrent leurs pratiques :
- La loi relative à la protection des données personnelles (RGPD) qui impose des obligations strictes pour la collecte et le traitement des données issues des enquêtes
- Les comités d’éthique de la recherche qui évaluent les protocoles impliquant des personnes humaines
- Le Code de propriété intellectuelle qui régit les droits d’auteur pour les publications scientifiques
- La loi de programmation de la recherche 2021-2030 qui définit les orientations stratégiques et les moyens alloués
Le cadre fiscal présente également des spécificités, notamment avec le Crédit Impôt Recherche (CIR) qui peut bénéficier aux entreprises menant des activités de R&D en SHS, bien que son utilisation reste moins répandue que dans les secteurs technologiques.
Enjeux de conformité particuliers
Les organisations de recherche en SHS font face à des défis réglementaires particuliers :
- La protection des personnes participant aux recherches, avec des exigences accrues de consentement éclairé
- La science ouverte, avec l’obligation croissante de publier en accès libre les résultats des recherches financées sur fonds publics
- L’intégrité scientifique, avec des mécanismes de prévention contre la fraude et les conflits d’intérêts
- Les questions de diversité et d’inclusion dans la constitution des échantillons et l’interprétation des résultats
Codes NAF connexes et différences
Le code 72.20Z s’inscrit dans un écosystème de classifications qui délimitent des activités parfois proches mais distinctes.
Code NAF | Intitulé | Principales différences |
---|---|---|
Code NAF 72.19Z | R&D en sciences physiques et naturelles | Concerne la recherche en sciences exactes (physique, biologie, etc.) contrairement aux sciences humaines |
Code NAF 73.20Z | Études de marché et sondages | Se concentre sur l’analyse commerciale sans visée de production de connaissances fondamentales |
Code NAF 70.22Z | Conseil en affaires et gestion | Propose des services de conseil appliqués sans méthodologie de recherche formalisée |
Code NAF 85.42Z | Enseignement supérieur | Activité principale d’enseignement, même si la recherche peut y être associée |
Code NAF 94.99Z | Autres organisations associatives | Inclut des think tanks qui peuvent mener des activités proches de la recherche mais sans cadre scientifique systématique |
La distinction entre ces codes n’est pas toujours évidente. Par exemple, un institut de sondage peut osciller entre les codes 73.20Z et 72.20Z selon que ses protocoles visent des fins commerciales ou scientifiques. De même, certaines structures peuvent relever simultanément de l’enseignement supérieur (85.42Z) et de la R&D en SHS.
Stratégies de prospection B2B
La prospection commerciale auprès des acteurs de la recherche en sciences humaines et sociales requiert une approche spécifique, adaptée aux caractéristiques particulières de ce secteur.
Segmentation adaptée au secteur
Pour cibler efficacement les organisations classées en 72.20Z, plusieurs critères de segmentation s’avèrent particulièrement pertinents :
- Type d’institution : laboratoires publics, centres de recherche privés, fondations, think tanks
- Discipline dominante : économie, sociologie, psychologie, histoire, géographie humaine
- Taille et rayonnement : structures locales, nationales ou internationales
- Sources de financement : fonds publics nationaux, financements européens, mécénat privé
- Orientation : recherche fondamentale vs recherche appliquée
Cette segmentation permet d’affiner les approches commerciales en fonction des besoins spécifiques de chaque sous-segment.
Points d’entrée et argumentaires
Les stratégies de prospection gagnantes dans ce secteur s’appuient sur plusieurs leviers :
- Valorisation de la méthodologie : mettre en avant la rigueur scientifique de vos solutions
- Démonstration d’impact : montrer comment votre offre peut contribuer à amplifier l’impact social de leurs recherches
- Approche par projet : synchroniser votre prospection avec les calendriers des appels à projets scientifiques
- Networking scientifique : être présent dans les colloques et conférences où se retrouvent ces acteurs
Les données de Datapult.ai révèlent que les périodes optimales de prospection correspondent souvent aux phases de préparation des nouveaux projets de recherche (septembre-octobre et janvier-février), quand les budgets sont en cours d’allocation.
Zoom sur la recherche privée en SHS
Un segment particulièrement dynamique est celui des structures privées de recherche en SHS. Ces entités, souvent de taille modeste (10-50 salariés), combinent excellence académique et agilité entrepreneuriale. Elles se spécialisent généralement dans des niches comme l’évaluation des politiques publiques, l’analyse des comportements numériques ou les études prospectives.
Ce segment présente plusieurs spécificités :
- Des cycles de décision plus courts que dans la recherche publique
- Une sensibilité accrue aux solutions optimisant la collecte et l’analyse de données
- Un intérêt pour les partenariats commerciaux pouvant valoriser leur expertise
Exploiter les données pour votre prospection
La prospection efficace auprès des acteurs de la recherche en sciences humaines et sociales nécessite une approche data-driven spécifiquement adaptée aux particularités de ce secteur.
Dans cet écosystème où les réseaux professionnels jouent un rôle déterminant, l’exploitation intelligente des données permet d’identifier avec précision les laboratoires et centres de recherche susceptibles d’être intéressés par vos solutions. Les indicateurs particulièrement pertinents incluent les thématiques de recherche actives, les financements récemment obtenus et les collaborations en cours.
Pour maximiser l’impact de vos démarches commerciales, privilégiez une stratégie multicanale combinant présence dans les événements scientifiques, communication via les revues spécialisées et approche directe des décideurs identifiés grâce à l’analyse des données. Tenez compte du calendrier spécifique de la recherche, souvent rythmé par les appels à projets et les échéances académiques.
En définitive, la connaissance approfondie des acteurs classés sous le code NAF 72.20Z vous permettra d’adapter votre discours commercial aux préoccupations concrètes des chercheurs et directeurs de laboratoire : valorisation des résultats, optimisation des processus de recherche ou mise en conformité avec les exigences réglementaires croissantes.