Le secteur du captage, traitement et distribution d’eau représente un pilier fondamental des infrastructures vitales françaises. Classifié sous le code NAF 36.00Z, ce secteur englobe l’ensemble des activités liées à la gestion de cette ressource essentielle, de son prélèvement dans l’environnement jusqu’à sa livraison aux consommateurs. Alors que la France compte environ 14 000 services d’eau regroupant plus de 5 500 collectivités organisatrices, ce secteur représente un enjeu crucial tant du point de vue sanitaire qu’économique. Cette catégorie d’activité combine des aspects techniques, environnementaux et de service public, constituant ainsi un maillon stratégique dans la chaîne de valeur des services essentiels à la population.
Panorama économique du secteur
Le secteur de l’eau en France représente un marché d’environ 13,5 milliards d’euros par an et emploie plus de 100 000 personnes. Ce secteur présente une structure économique particulière, caractérisée par la coexistence d’acteurs publics et privés, avec une forte concentration des acteurs privés dominants.
Un marché structuré entre gestion publique et délégation privée
La distribution d’eau potable en France s’organise selon deux modes principaux de gestion :
- La régie directe : environ 40% des communes françaises gèrent directement leur service d’eau
- La délégation de service public : environ 60% des communes délèguent cette gestion à des entreprises privées
Le marché privé est dominé par trois grandes entreprises qui se partagent près de 90% du secteur délégué : Veolia Eau, Suez Eau France et Saur. Cette structure oligopolistique constitue une caractéristique distinctive du secteur français de l’eau.
Sur le plan économique, les investissements dans les infrastructures de captage, traitement et distribution représentent plusieurs milliards d’euros annuels, principalement consacrés au renouvellement des réseaux vieillissants et à la modernisation des installations de traitement.
Définition et classification
Le code NAF 36.00Z correspond à la nomenclature des activités économiques françaises établie par l’INSEE. Cette catégorie appartient à la section E « Production et distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution », et plus précisément à la division 36 « Captage, traitement et distribution d’eau ».
Cette classification englobe l’ensemble du cycle de production de l’eau potable et industrielle, depuis le captage jusqu’à sa distribution aux usagers finaux. Elle se distingue des codes 37.00Z (collecte et traitement des eaux usées) et 42.21Z (construction de réseaux pour fluides) par son focus sur l’approvisionnement en eau potable et non sur le traitement des eaux après usage ou la simple construction des infrastructures.
Position dans la nomenclature européenne
Le code NAF 36.00Z correspond au code NACE Rev.2 identique (36.00) au niveau européen, permettant ainsi une comparaison internationale des activités liées à l’eau. Cette harmonisation facilite les analyses statistiques et économiques du secteur à l’échelle européenne.
Cette catégorie représente une activité d’intérêt général soumise à des réglementations strictes en matière de santé publique, de qualité de l’eau, et d’organisation du service public.
Activités principales et secondaires
Activités de captage des ressources hydriques
Le captage comprend le prélèvement d’eau depuis différentes sources :
- Eaux souterraines (nappes phréatiques, sources)
- Eaux superficielles (rivières, lacs, barrages)
- Eaux de mer ou saumâtres (par dessalement, principalement dans les territoires insulaires)
Les entreprises relevant du code 36.00Z exploitent les infrastructures de pompage, de forage et de collecte des eaux brutes. Elles assurent également la maintenance et la protection des zones de captage, y compris la mise en place et le respect des périmètres de protection autour des points de prélèvement.
Activités de traitement de l’eau
Cette catégorie inclut les opérations suivantes :
- Traitement physico-chimique (floculation, décantation, filtration)
- Désinfection (chloration, ozonation, traitement UV)
- Élimination des polluants spécifiques (pesticides, nitrates, métaux lourds)
- Contrôle de qualité et analyses réglementaires
- Exploitation des usines de potabilisation
Le traitement varie considérablement selon la qualité de l’eau brute et les normes sanitaires à respecter. Les entreprises du secteur doivent constamment adapter leurs méthodes face à l’évolution des contaminants et des exigences réglementaires.
Activités de distribution et stockage
Cette composante essentielle comprend :
- Gestion des réseaux d’adduction et de distribution
- Exploitation des châteaux d’eau et réservoirs
- Maintenance des canalisations et infrastructures
- Gestion de la pression et sécurisation de l’approvisionnement
- Relevé des compteurs et facturation
- Service client et intervention en cas de fuite
Ne sont pas incluses dans ce code les activités d’assainissement des eaux usées, la construction des infrastructures hydrauliques, ni la vente d’eau en bouteille, qui relèvent d’autres classifications.
Tendances et évolutions du marché
Le secteur de l’eau connaît actuellement plusieurs transformations majeures qui redéfinissent les stratégies des acteurs établis et créent de nouvelles opportunités commerciales.
La digitalisation des réseaux d’eau
Le déploiement massif de technologies numériques transforme profondément la gestion de l’eau :
- Installation de compteurs communicants permettant la télé-relève et la détection des anomalies
- Systèmes SCADA (Supervisory Control And Data Acquisition) pour le monitoring en temps réel
- Modélisation prédictive des consommations et des besoins
- Détection précoce des fuites et optimisation des interventions
Cette évolution vers des « smart water networks » représente un marché estimé à plus de 2 milliards d’euros en France sur la décennie 2020-2030.
Adaptation au changement climatique
Face aux défis climatiques, le secteur développe de nouvelles approches :
- Diversification des sources d’approvisionnement
- Techniques avancées de réutilisation des eaux usées traitées (REUT)
- Solutions de dessalement plus efficaces énergétiquement
- Gestion prévisionnelle des ressources en périodes de sécheresse
Les investissements dans les infrastructures résilientes représentent un enjeu majeur pour les entreprises du secteur, avec une augmentation de 30% des budgets alloués à cette problématique au cours des cinq dernières années.
Le saviez-vous ?
Alors que le prix moyen de l’eau en France est d’environ 4,30€/m³, il existe des disparités territoriales importantes allant du simple au triple selon les régions. Ces écarts s’expliquent notamment par la qualité de la ressource brute disponible localement, l’âge des infrastructures et la densité de population desservie.
Environnement réglementaire
Le secteur du captage, traitement et distribution d’eau est soumis à un cadre réglementaire particulièrement dense et exigeant, qui structure profondément les activités des entreprises concernées.
Cadre législatif français
En France, plusieurs textes fondamentaux encadrent ce secteur :
- Le Code de la santé publique qui fixe les exigences de qualité de l’eau potable
- La loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) de 2006
- Le Code général des collectivités territoriales qui définit les modalités d’organisation du service public de l’eau
- La loi NOTRe de 2015 qui a transféré les compétences eau et assainissement aux intercommunalités
La loi « Engagement et proximité » de 2019 a assoupli certaines dispositions concernant le transfert de compétences, permettant des dérogations pour les communes membres de communautés de communes.
Normes sanitaires et environnementales
Les entreprises du code 36.00Z doivent respecter des normes strictes :
- Arrêté du 11 janvier 2007 relatif aux limites de qualité des eaux destinées à la consommation humaine
- Directive européenne 2020/2184 concernant la qualité des eaux destinées à la consommation humaine
- Réglementation sur les prélèvements dans les milieux naturels (débits réservés, volumes maximaux autorisés)
La surveillance de la qualité de l’eau est assurée par un double contrôle : l’autocontrôle par l’exploitant et le contrôle sanitaire réalisé par les Agences Régionales de Santé (ARS).
Évolutions réglementaires récentes
Le secteur a connu plusieurs évolutions notables :
- Renforcement du suivi des micropolluants émergents (résidus médicamenteux, perturbateurs endocriniens)
- Obligations accrues en matière d’efficience des réseaux (réduction des fuites)
- Introduction d’une tarification sociale de l’eau par la loi Brottes
- Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-2) avec des dispositions spécifiques pour la gestion de l’eau
Ces évolutions réglementaires constituent à la fois des contraintes mais aussi des opportunités de développement pour les entreprises innovantes du secteur.
Codes NAF connexes et différences
Le code 36.00Z s’inscrit dans un écosystème d’activités liées à l’eau, mais se distingue nettement d’autres classifications proches. Cette compréhension des frontières entre codes est essentielle pour une segmentation précise lors des opérations de prospection B2B.
| Code NAF | Intitulé | Différences principales avec 36.00Z |
|---|---|---|
| Code NAF 37.00Z | Collecte et traitement des eaux usées | Se concentre sur l’assainissement et l’épuration après usage, alors que 36.00Z concerne l’eau avant consommation |
| Code NAF 42.21Z | Construction de réseaux pour fluides | Couvre uniquement la construction d’infrastructures, pas leur exploitation ou la production d’eau potable |
| Code NAF 39.00Z | Dépollution et autres services de gestion des déchets | Inclut la décontamination des eaux souterraines mais pas la production d’eau potable |
| Code NAF 11.07A | Industrie des eaux de table | Concerne l’embouteillage et la commercialisation d’eau conditionnée, pas le service public d’eau |
| Code NAF 71.20B | Analyses, essais et inspections techniques | Inclut les laboratoires d’analyses d’eau mais pas la production ou distribution |
Cette distinction nette entre les différents maillons de la chaîne de valeur de l’eau permet d’éviter les confusions lors d’analyses sectorielles ou de campagnes de prospection. Par exemple, la gestion intégrée du cycle de l’eau peut amener certains acteurs à opérer sur plusieurs codes NAF simultanément, notamment les grands groupes comme Veolia ou Suez qui interviennent tant sur le 36.00Z que sur le 37.00Z.
Stratégies de prospection B2B
La prospection commerciale dans le secteur du captage, traitement et distribution d’eau présente des spécificités notables en raison de la structure particulière du marché et des cycles de décision très longs qui le caractérisent.
Segmentation stratégique du marché
Pour optimiser les démarches commerciales, une segmentation fine est recommandée :
- Par type d’acteur : régies publiques, délégataires privés, syndicats intercommunaux
- Par taille de réseau : grands réseaux urbains (>100 000 abonnés), réseaux moyens (10 000 à 100 000), petits réseaux ruraux (<10 000)
- Par problématique dominante : qualité de l’eau, rendement de réseau, modernisation des infrastructures
- Par modèle économique : concession, affermage, régie intéressée, gérance
Cette approche segmentée permet d’adapter précisément les arguments commerciaux aux enjeux spécifiques de chaque catégorie d’acteur.
Ciblage par zone géographique
La répartition territoriale des entreprises du code 36.00Z révèle des concentrations notables :
- Les sièges sociaux des grands groupes sont principalement localisés en Île-de-France
- Les régies publiques importantes se trouvent souvent dans les grandes agglomérations (Lyon, Marseille, Strasbourg)
- Les syndicats intercommunaux ruraux sont particulièrement nombreux dans les zones moins densément peuplées (Grand Est, Nouvelle-Aquitaine)
L’analyse géographique des données de l’INSEE et des organisations professionnelles du secteur permet d’affiner les stratégies de prospection territoriale en priorisant les zones à plus fort potentiel selon votre offre.
Cycle de vente et processus décisionnels
Le secteur de l’eau se caractérise par des processus d’achat particulièrement longs et complexes :
- Cycle de vente standard : 12 à 24 mois pour les solutions techniques
- Délégations de service public : procédures pluriannuelles (3-5 ans)
- Multiples niveaux décisionnels : technique, financier, politique
La prospection doit intégrer cette temporalité spécifique et identifier les différents influenceurs dans le processus de décision, particulièrement dans un contexte où les élus locaux jouent souvent un rôle déterminant.
L’utilisation de données sectorielles précises comme celles proposées par Datapult.ai permet d’optimiser cette approche en identifiant les acteurs clés du secteur et leurs caractéristiques spécifiques.
Répartition géographique des entreprises
Le secteur du captage, traitement et distribution d’eau présente une répartition territoriale spécifique qui reflète à la fois l’organisation administrative française et les contraintes hydrologiques locales.
Concentration des acteurs majeurs
La cartographie des entreprises du code 36.00Z révèle plusieurs tendances :
- Île-de-France : concentration des sièges sociaux des grands groupes (Veolia, Suez, Saur)
- Grandes agglomérations : présence marquée de régies autonomes importantes (Eau de Paris, Eau du Grand Lyon)
- Zones rurales : maillage dense de petits syndicats intercommunaux et de régies communales
Cette répartition n’est pas homogène sur le territoire français, avec des disparités régionales significatives. Par exemple, le Grand Est et la Nouvelle-Aquitaine se distinguent par un nombre particulièrement élevé de structures intercommunales dédiées à l’eau, tandis que certaines régions comme la Bretagne privilégient davantage les délégations au secteur privé.
Spécificités territoriales et stratégies de prospection
La compréhension des dynamiques territoriales constitue un atout majeur pour la prospection commerciale dans ce secteur :
- Les régions montagneuses (Alpes, Pyrénées, Massif Central) présentent des problématiques spécifiques liées à la topographie
- Les zones côtières peuvent faire face à des enjeux d’intrusion saline dans les nappes
- Les bassins agricoles intensifs rencontrent souvent des défis de qualité d’eau (nitrates, pesticides)
Une approche commerciale tenant compte de ces spécificités régionales permettra d’adapter les arguments et solutions proposées aux enjeux locaux prioritaires.
Cette répartition géographique constitue une information stratégique pour les fournisseurs et prestataires souhaitant adresser ce marché, notamment pour l’organisation des forces commerciales et le ciblage des campagnes marketing.
Exploiter les données sectorielles pour votre prospection
Le secteur du captage, traitement et distribution d’eau, bien que relativement concentré en termes d’acteurs majeurs, offre de nombreuses opportunités commerciales pour les entreprises B2B qui sauront exploiter efficacement les données sectorielles disponibles.
Pour optimiser votre prospection auprès des entreprises du code NAF 36.00Z, plusieurs approches stratégiques peuvent être envisagées :
- Analyse des cycles d’investissement : en surveillant les programmes pluriannuels d’investissement des collectivités dans leurs réseaux d’eau, vous pouvez anticiper les besoins d’équipement ou de services
- Veille sur les renouvellements de contrats de DSP : ces périodes de transition représentent des opportunités majeures pour proposer de nouvelles solutions
- Ciblage par indicateurs de performance : identifier les opérateurs ayant des problématiques spécifiques (rendement de réseau faible, qualité d’eau non conforme) pour proposer des solutions adaptées
L’exploitation des données sectorielles structurées permet d’affiner considérablement le ciblage commercial et d’augmenter significativement les taux de conversion des démarches de prospection.
Les entreprises proposant des solutions innovantes dans des domaines comme l’efficience énergétique, la réduction des fuites, les technologies de traitement avancées ou les systèmes de monitoring intelligent trouveront dans ce secteur un marché certes exigeant mais offrant des perspectives de partenariats durables et de forte valeur ajoutée.