Le raffinage du pétrole constitue un maillon essentiel de la chaîne énergétique mondiale, transformant le pétrole brut en produits finis indispensables à l’économie moderne. En France, cette activité industrielle stratégique est répertoriée sous le code NAF 19.20Z. Cette nomenclature identifie précisément les entreprises spécialisées dans la conversion du pétrole brut en une multitude de produits dérivés – des carburants traditionnels comme l’essence et le gazole aux produits pétrochimiques de base. Dans un contexte de transition énergétique, ce secteur fait face à des défis considérables, entre impératifs économiques, exigences environnementales et nécessité d’adaptation technologique pour réduire son impact carbone.
Panorama économique du secteur du raffinage
Le secteur du raffinage pétrolier représente un pilier industriel stratégique pour l’économie française, bien que son empreinte se soit réduite ces dernières décennies. Avec une capacité de raffinage d’environ 1,4 million de barils par jour répartie sur 7 raffineries actives (contre 24 dans les années 1970), la France se positionne comme le troisième acteur européen derrière l’Allemagne et l’Italie.
Cette industrie à forte intensité capitalistique se caractérise par des investissements massifs et des marges de raffinage souvent volatiles, dépendantes des fluctuations du prix du pétrole brut sur les marchés internationaux. Le secteur emploie directement environ 5 000 personnes en France mais génère près de 30 000 emplois indirects dans les services associés et la sous-traitance.
Positionnement stratégique dans l’économie française
Le raffinage constitue un enjeu de souveraineté énergétique, permettant à la France de transformer sur son territoire une partie des hydrocarbures qu’elle consomme. Toutefois, le pays reste importateur net de produits raffinés, notamment de diesel. Cette dépendance souligne l’inadéquation structurelle entre la demande nationale (majoritairement orientée vers le diesel) et les capacités de production des raffineries françaises (historiquement configurées pour produire davantage d’essence).
Les acteurs majeurs du secteur en France incluent TotalEnergies, qui exploite quatre raffineries sur le territoire, ExxonMobil avec ses installations à Port-Jérôme-Gravenchon, et Petroineos à Lavéra. Cette concentration des acteurs reflète un mouvement global de consolidation du secteur face aux défis économiques et environnementaux.
Définition et classification du code 19.20Z
Le code NAF 19.20Z correspond précisément à l’activité de raffinage du pétrole au sein de la Nomenclature d’Activités Française. Cette classification s’intègre dans la structure hiérarchique suivante :
- Section C : Industries manufacturières
- Division 19 : Cokéfaction et raffinage
- Groupe 19.2 : Raffinage du pétrole
- Classe 19.20 : Raffinage du pétrole
- Sous-classe 19.20Z : Raffinage du pétrole
Cette nomenclature, alignée sur la classification européenne NACE Rev.2, permet d’identifier précisément les entreprises dont l’activité principale consiste à transformer le pétrole brut en produits énergétiques ou en matières premières pour l’industrie pétrochimique.
Il est important de noter que ce code 19.20Z se distingue du 19.10Z (Cokéfaction) qui concerne la transformation du charbon, bien que ces deux activités soient regroupées dans la même division industrielle en raison de leur nature transformative similaire de matières premières énergétiques.
Activités principales et secondaires du raffinage
Processus fondamentaux de raffinage
Le code NAF 19.20Z englobe un ensemble de processus industriels complexes qui transforment le pétrole brut en produits finaux utilisables. Ces activités comprennent :
- La distillation atmosphérique (topping) qui sépare le pétrole brut en différentes fractions selon leur point d’ébullition
- Le craquage catalytique (cat-cracking) qui décompose les molécules lourdes en hydrocarbures plus légers
- Le reformage catalytique qui améliore l’indice d’octane des essences
- L’hydrotraitement qui élimine les impuretés comme le soufre
- L’isomérisation qui modifie la structure des molécules pour améliorer leurs propriétés
- Le visbreaking qui réduit la viscosité des résidus lourds
Produits issus du raffinage
Les entreprises classées sous ce code NAF produisent une gamme étendue de produits :
- Carburants pour les transports : essence, gazole, kérosène (carburant aviation), GPL carburant
- Combustibles : fioul domestique, fioul lourd pour l’industrie et le transport maritime
- Matières premières pour la pétrochimie : naphta, éthylène, propylène
- Produits spéciaux : lubrifiants, paraffines, bitumes pour le revêtement routier
- Gaz techniques : hydrogène, méthane, propane, butane
Sont également incluses les opérations de mélange de biocarburants avec les carburants traditionnels, activité en forte croissance pour répondre aux obligations d’incorporation de composés renouvelables dans les carburants.
Tendances et évolutions du marché du raffinage
Le secteur du raffinage pétrolier traverse actuellement une période de transformation profonde, marquée par plusieurs tendances de fond qui redessinent ses perspectives d’avenir.
Restructuration et adaptation capacitaire
La surcapacité structurelle du raffinage européen, confrontée à la concurrence des raffineries giant-size du Moyen-Orient, d’Asie et des États-Unis, a entraîné une contraction du secteur en France. Depuis 2010, cinq raffineries ont cessé leurs activités ou ont été reconverties, réduisant la capacité nationale de près de 30%. Cette restructuration s’accompagne d’investissements massifs pour moderniser les unités restantes et améliorer leur efficacité énergétique.
Les raffineries françaises ont investi plus de 5 milliards d’euros ces dix dernières années pour augmenter leur taux de conversion (proportion de produits à haute valeur ajoutée obtenus à partir du brut) et réduire leur consommation énergétique, qui représente jusqu’à 60% de leurs coûts opérationnels.
Transition écologique et diversification
Face à la décarbonation progressive de l’économie et aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le secteur s’engage dans plusieurs directions stratégiques :
- Le développement de bioraffineries traitant des matières premières biosourcées (huiles végétales, graisses animales, biomasse)
- L’incorporation croissante de biocarburants dans les produits conventionnels
- La recherche sur les carburants synthétiques et l’hydrogène bas-carbone
- L’amélioration des procédés pour réduire l’empreinte environnementale
À l’horizon 2030-2035, plusieurs raffineries françaises planifient leur transformation en plateformes multi-énergies, combinant raffinage traditionnel, biocarburants et production d’hydrogène vert.
Le saviez-vous ?
Une raffinerie moderne peut extraire plus de 40 produits différents d’un baril de pétrole brut. Si les carburants représentent environ 70% de la production, les 30% restants sont essentiels pour de nombreuses industries, de la cosmétique à la médecine, en passant par l’électronique et le textile. Ainsi, même dans un scénario de forte électrification des transports, une partie significative des activités de raffinage resterait nécessaire pour fournir ces matières premières essentielles.
Environnement réglementaire du raffinage pétrolier
Le secteur du raffinage pétrolier figure parmi les industries les plus strictement encadrées, soumis à une superposition de réglementations nationales et européennes qui façonnent profondément son activité et ses investissements.
Cadre environnemental exigeant
Les raffineries sont classées comme Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et sont soumises à autorisation préfectorale avec étude d’impact obligatoire. La directive européenne IED (Industrial Emissions Directive) impose l’application des Meilleures Techniques Disponibles (MTD) pour minimiser les émissions atmosphériques, les rejets aqueux et la production de déchets.
Le système d’échange de quotas d’émission de CO2 (EU-ETS) représente une contrainte financière croissante, avec un prix du carbone qui a dépassé 80€/tonne en 2022, impactant directement la compétitivité des raffineries européennes face à leurs concurrentes internationales moins contraintes.
Spécifications des produits et biocarburants
La qualité des carburants fait l’objet d’exigences toujours plus strictes, notamment :
- La teneur en soufre limitée à 10 ppm pour l’essence et le diesel (norme Euro 6)
- La réduction progressive des émissions de CO2 du puits à la roue (Well-to-Wheel approach)
- L’incorporation obligatoire de biocarburants : 8,2% en énergie pour 2022, avec des objectifs renforcés par la directive RED II (Renewable Energy Directive)
La loi Climat et Résilience de 2021 a fixé l’objectif de fin de vente des véhicules thermiques neufs à 2040, ce qui implique une transformation progressive du mix de production des raffineries françaises dans les prochaines décennies.
Sécurité industrielle et obligations stratégiques
Classées sites Seveso seuil haut, les raffineries sont assujetties à des mesures renforcées en matière de prévention des accidents majeurs, avec plans d’urgence obligatoires et inspections régulières. Par ailleurs, les opérateurs ont l’obligation de maintenir des stocks stratégiques de sécurité équivalents à 29,5% des mises à la consommation de l’année précédente (environ 90 jours de consommation), gérés en partie par la SAGESS (Société Anonyme de Gestion des Stocks de Sécurité).
Codes NAF connexes et différences
Le code 19.20Z s’inscrit dans un écosystème industriel plus large, avec plusieurs codes NAF connexes qui interagissent avec le raffinage du pétrole, tout en présentant des distinctions importantes :
Code NAF | Intitulé | Relation avec le raffinage | Principale différence |
---|---|---|---|
06.10Z | Extraction de pétrole brut | Fournit la matière première | Activité d’extraction primaire, non de transformation |
06.20Z | Extraction de gaz naturel | Complémentaire, parfois intégrée | Concerne le gaz et non le pétrole liquide |
20.11Z | Fabrication de gaz industriels | Utilise certains sous-produits | Production dédiée de gaz techniques spécifiques |
20.14Z | Fabrication d’autres produits chimiques organiques de base | Utilise des produits du raffinage | Transformation chimique avancée en produits finaux |
46.71Z | Commerce de gros de combustibles | Distribue les produits raffinés | Activité commerciale et non industrielle |
Le raffinage (19.20Z) se distingue par sa fonction de transformation primaire du pétrole brut, alors que les codes de la division 20 (industrie chimique) correspondent à des transformations ultérieures ou à la fabrication de produits plus spécifiques à partir des bases issues du raffinage.
Les entreprises intégrées du secteur pétrolier peuvent opérer sous plusieurs de ces codes simultanément, avec une organisation en filiales spécialisées. Par exemple, TotalEnergies possède des entités classées en 06.10Z pour l’extraction, 19.20Z pour le raffinage et 46.71Z pour la distribution.
Stratégies de prospection B2B dans le secteur du raffinage
L’approche commerciale des entreprises classées sous le code NAF 19.20Z présente des particularités liées à la structure oligopolistique du secteur et à la nature stratégique de leurs activités.
Cartographie d’un marché concentré
Le marché français du raffinage se caractérise par une forte concentration, avec seulement trois groupes principaux opérant les sept raffineries actives sur le territoire national. Cette structure oligopolistique nécessite une approche de prospection hautement ciblée et personnalisée.
Les acteurs principaux à cibler sont :
- TotalEnergies : opérateur des raffineries de Donges, Gonfreville-l’Orcher, Feyzin et Grandpuits (en conversion)
- ExxonMobil : raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon
- Petroineos (JV Ineos/PetroChina) : raffinerie de Lavéra
À ces acteurs s’ajoutent des sites spécialisés comme la bioraffinerie de La Mède (TotalEnergies) ou des unités de production d’huiles de base et de bitumes.
Segmentation des opportunités commerciales
Pour les fournisseurs et prestataires visant ce secteur, plusieurs segments d’opportunités se dégagent :
- Optimisation des procédés : technologies de contrôle avancé, efficacité énergétique, systèmes de récupération de chaleur
- Transition énergétique : technologies de capture de CO2, production d’hydrogène bas carbone, intégration de biocomposants
- Maintenance et fiabilité : équipements résistants à la corrosion, services d’inspection prédictive, solutions de maintenance 4.0
- Sécurité industrielle : systèmes de détection de fuites, équipements anti-explosion, solutions de formation par réalité virtuelle
- Digitalisation : jumeaux numériques, IoT industriel, analyse prédictive
La prospection réussie dans ce secteur doit prendre en compte les cycles d’investissement spécifiques des raffineries, avec des grands arrêts programmés tous les 4-5 ans qui concentrent les projets majeurs d’amélioration et de modernisation.
Pour identifier et qualifier précisément ces opportunités commerciales, l’utilisation d’outils spécialisés comme Datapult.ai permet d’accéder à des données structurées sur les acteurs du secteur, leurs investissements récents et leurs orientations stratégiques.
Approche multi-niveaux pour les projets complexes
La complexité des projets dans le raffinage nécessite généralement une approche commerciale multi-niveaux, impliquant :
- Les directions techniques au niveau des sites industriels
- Les directions centrales d’ingénierie et de projets
- Les directions des achats, souvent centralisées
Les cycles de décision sont généralement longs (6-18 mois pour les projets significatifs) et impliquent de nombreuses parties prenantes, ce qui nécessite un travail de fond sur les relations d’affaires et une expertise technique crédible.
Exploiter les données sectorielles pour votre prospection
Dans un secteur aussi concentré que le raffinage pétrolier, la qualité de l’intelligence économique et la précision des données sont déterminantes pour élaborer une stratégie commerciale efficace.
Pour les fournisseurs visant les entreprises du code NAF 19.20Z, l’approche gagnante combine :
- Une veille technologique pointue sur les enjeux spécifiques du secteur (efficacité énergétique, décarbonation, bioraffinerie)
- Une compréhension fine des calendriers d’investissement et des grands arrêts programmés des sites industriels
- Une identification précise des centres de décision et des influenceurs techniques au sein des organisations
Dans cette perspective, des outils d’analyse sectorielle comme ceux proposés par Datapult permettent d’accéder à des données structurées sur les acteurs du marché, leurs orientations stratégiques et leurs investissements récents ou programmés.
Compte tenu de la nature stratégique des décisions dans ce secteur et de l’importance des relations de long terme, il est recommandé de privilégier une approche de valeur ajoutée, positionnant votre offre comme une solution aux défis spécifiques de la transition du raffinage plutôt que comme une simple proposition de produit ou service.
En définitive, le raffinage pétrolier, bien qu’en pleine transformation, demeure un secteur industriel stratégique qui offre des opportunités commerciales significatives pour les entreprises capables de proposer des solutions adaptées à ses défis contemporains : décarbonation, efficience opérationnelle et diversification vers de nouvelles filières.