Le secteur de la manutention non portuaire (code NAF 52.24B) constitue un maillon essentiel de la chaîne logistique française. Cette classification désigne les activités de chargement, déchargement et manutention de marchandises dans des environnements terrestres hors des zones portuaires. Bien que moins médiatisées que leurs équivalents maritimes, ces opérations représentent un volume considérable des flux de marchandises sur le territoire national. En 2023, ce secteur comptait plus de 600 entreprises en France et employait près de 15 000 personnes, pour un chiffre d’affaires global estimé à 1,8 milliard d’euros. Cette nomenclature s’inscrit dans l’écosystème plus large des services de transport et d’entreposage, avec des spécificités techniques, réglementaires et économiques que nous allons détailler.
Panorama économique du secteur
La manutention non portuaire représente un segment stratégique du secteur logistique français. Avec une croissance moyenne annuelle de 2,8% sur les cinq dernières années, cette activité démontre sa résilience face aux fluctuations économiques. La crise sanitaire de 2020-2021 a d’ailleurs souligné son caractère essentiel dans le maintien des flux d’approvisionnement nationaux.
Les entreprises du secteur se caractérisent par une grande diversité de tailles et de modèles économiques. On observe:
- 45% de TPE (moins de 10 salariés)
- 38% de PME (10 à 249 salariés)
- 17% d’entreprises de taille intermédiaire ou grands groupes
Indicateurs économiques clés
L’analyse sectorielle révèle plusieurs tendances structurelles:
- Une marge brute moyenne de 22% (supérieure à celle de la manutention portuaire qui plafonne à 18%)
- Un investissement en équipement représentant 12 à 15% du chiffre d’affaires annuel
- Une productivité par employé en hausse constante (+3,2% annuels) grâce à l’automatisation
- Une concentration progressive du marché avec l’émergence de plateformes logistiques multimodales
Cette dynamique économique s’accompagne d’une transformation des métiers et compétences recherchés, avec une valorisation croissante des profils techniciens capables de gérer des équipements de manutention sophistiqués.
Définition et classification
Le code NAF 52.24B “Manutention non portuaire” s’inscrit dans la section H (Transports et entreposage) de la nomenclature d’activités française. Plus précisément, il appartient à la division 52 (Entreposage et services auxiliaires des transports), au groupe 52.2 (Services auxiliaires des transports) et à la classe 52.24 (Manutention).
Positionnement dans la nomenclature INSEE
Cette classification se distingue de sa jumelle, le code 52.24A (Manutention portuaire), par le cadre géographique et technique des opérations. La manutention non portuaire concerne:
- Les zones logistiques terrestres (entrepôts, zones industrielles)
- Les gares ferroviaires de marchandises
- Les plateformes aéroportuaires
- Les zones d’activités commerciales
- Les centres de distribution
Contrairement à la manutention portuaire qui implique des navires et des infrastructures maritimes spécifiques, le code 52.24B couvre des opérations principalement terrestres ou aériennes, avec des équipements et des contraintes opérationnelles distinctes.
Cette classification a connu une évolution notable depuis sa création, notamment avec la révision de 2008 qui a précisé la distinction entre activités portuaires et non portuaires, auparavant regroupées sous un code unique.
Activités principales et secondaires
Opérations fondamentales couvertes
Le code NAF 52.24B englobe plusieurs types d’activités de manutention réalisées hors contexte portuaire:
- Chargement et déchargement de marchandises dans les gares ferroviaires
- Manutention de fret aérien dans les aéroports (hors exploitation du terminal)
- Transfert et manipulation de charges dans les entrepôts logistiques
- Operations de gerbage (empilage organisé des marchandises)
- Arrimage et désarrimage des marchandises sur plateformes de transport
- Transbordement entre différents modes de transport terrestres
Équipements techniques spécifiques
La manutention non portuaire se caractérise par l’utilisation d’équipements spécialisés:
- Chariots élévateurs et transpalettes
- Ponts roulants et portiques
- Convoyeurs et systèmes automatisés
- Grues mobiles terrestres
- Équipements de levage spécialisés pour charges lourdes ou atypiques
Les entreprises du secteur peuvent également proposer des prestations connexes comme le conditionnement temporaire des marchandises, le tri ou la préparation de commandes, bien que ces activités relèvent théoriquement d’autres codes NAF (notamment le 52.10B pour l’entreposage avec services associés).
À noter que certaines activités sont explicitement exclues de cette classification, comme l’exploitation de terminaux de marchandises (52.21Z) ou les services d’emballage et de conditionnement (82.92Z).
Tendances et évolutions du marché
Le secteur de la manutention non portuaire connaît actuellement plusieurs transformations majeures qui redessinent ses contours traditionnels.
Automatisation et robotisation
La révolution technologique impacte profondément ce secteur historiquement intensif en main-d’œuvre:
- Déploiement de systèmes AGV (Automated Guided Vehicles) dans 28% des grands sites logistiques
- Intégration de robots de manutention réduisant les opérations manuelles de 35% en moyenne
- Implémentation de solutions de tracking RFID et IoT pour le suivi en temps réel des marchandises
- Adoption de technologies de réalité augmentée pour optimiser les opérations de chargement/déchargement
Cette transformation numérique engendre une hausse significative de la productivité, estimée à +18% pour les sites ayant investi massivement dans l’automatisation.
Évolution des modèles économiques
Les acteurs du secteur diversifient leurs offres de services pour maintenir leur compétitivité:
- Développement de prestations à valeur ajoutée (contrôle qualité, reconditionnement)
- Offres intégrées couplant manutention et entreposage temporaire
- Solutions de manutention dédiées au e-commerce et à la logistique urbaine
- Services spécialisés pour marchandises atypiques (produits dangereux, colis hors gabarit)
Cette évolution s’accompagne d’une concentration du marché, avec une vague de fusions-acquisitions qui a réduit de 12% le nombre d’opérateurs indépendants entre 2018 et 2023.
Impact environnemental et transition énergétique
La pression réglementaire et sociétale pousse le secteur vers une décarbonation progressive:
- Électrification des équipements de manutention (54% du parc renouvelé depuis 2015)
- Optimisation des processus pour réduire les temps d’attente et la consommation énergétique
- Certification environnementale (ISO 14001) devenue standard pour 47% des acteurs majeurs
Environnement réglementaire
Le cadre juridique régissant la manutention non portuaire combine réglementations générales du transport et dispositions spécifiques au secteur.
Sécurité et prévention des risques
Les activités de manutention sont soumises à des exigences strictes en matière de sécurité:
- Code du travail, notamment ses articles R.4541-1 à R.4541-11 relatifs à la manutention des charges
- Directive européenne 90/269/CEE concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à la manutention manuelle de charges
- Réglementation ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) pour les sites de plus grande envergure
- Normes techniques spécifiques aux équipements de levage (NF EN 13155+A2 notamment)
Le Document Unique d’Évaluation des Risques professionnels (DUER) revêt une importance particulière dans ce secteur où le taux d’accidents du travail reste 1,8 fois supérieur à la moyenne nationale tous secteurs confondus.
Qualifications et certifications
Les opérateurs de manutention doivent disposer de qualifications spécifiques:
- CACES (Certificat d’Aptitude à la Conduite En Sécurité) adapté à chaque type d’engin
- Habilitations particulières pour la manutention de produits dangereux ou sensibles
- Certifications métiers comme le CQP Opérateur logistique polyvalent
Du côté des entreprises, les certifications sectorielles comme l’ISO 9001, l’OEA (Opérateur Économique Agréé) ou plus spécifiquement la TAPA (Transported Asset Protection Association) pour les marchandises de valeur constituent des prérequis fréquents pour accéder à certains marchés.
Évolutions réglementaires récentes
La réglementation du secteur a connu plusieurs évolutions significatives:
- Renforcement des exigences en matière de formation (décret n°2019-565 du 6 juin 2019)
- Nouvelles normes environnementales pour les équipements de manutention dans le cadre des Zones à Faibles Émissions (ZFE)
- Adaptation du cadre juridique au développement de l’automatisation
Codes NAF connexes et différences
La manutention non portuaire s’intègre dans un écosystème de codes NAF liés aux activités logistiques et de transport, avec lesquels elle présente des interfaces importantes.
Code NAF | Intitulé | Différences clés avec 52.24B |
---|---|---|
Code NAF 52.24A | Manutention portuaire | Spécifique aux infrastructures portuaires, implique des équipements maritimes et une réglementation spécifique au contexte maritime |
Code NAF 52.10B | Entreposage et stockage non frigorifique | Concerne le stockage et la conservation des marchandises à moyen/long terme, tandis que la manutention se concentre sur le mouvement et la manipulation |
Code NAF 52.29A | Messagerie, fret express | Axé sur l’acheminement et la livraison de colis, intègre une dimension transport absente de la manutention pure |
Code NAF 52.21Z | Services auxiliaires des transports terrestres | Englobe l’exploitation d’infrastructures (gares, terminaux) mais pas les opérations de manutention elles-mêmes |
Code NAF 82.92Z | Activités de conditionnement | Spécialisé dans l’emballage et la préparation des produits, activités parfois complémentaires mais distinctes de la manutention |
Il est fréquent que les entreprises exercent simultanément plusieurs de ces activités, ce qui explique que certaines peuvent être classées sous plusieurs codes NAF ou choisir celui qui représente leur activité principale.
Stratégies de prospection B2B
Le secteur de la manutention non portuaire présente des caractéristiques spécifiques à prendre en compte pour une prospection B2B efficace.
Segmentation stratégique du marché
Une approche ciblée requiert une segmentation fine du marché:
- Par taille d’entreprise: Les grands groupes (21% du marché en valeur) ont des processus d’achat formalisés, tandis que les PME (52% du marché) et TPE (27%) privilégient souvent la proximité et la réactivité
- Par spécialisation: Certains acteurs sont spécialisés dans des secteurs spécifiques (industrie lourde, agroalimentaire, e-commerce)
- Par couverture géographique: Distinction entre opérateurs nationaux (38%), régionaux (47%) et locaux (15%)
- Par niveau d’équipement: Différenciation entre entreprises fortement automatisées et structures plus traditionnelles
L’analyse des données sectorielles révèle également une concentration géographique autour des grands axes logistiques français, notamment dans les régions Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France.
Indicateurs de qualification des prospects
Plusieurs critères permettent d’évaluer le potentiel des entreprises cibles:
- Taux de renouvellement des équipements (indicateur de dynamisme d’investissement)
- Ratio chiffre d’affaires/effectif (révélateur du niveau d’automatisation)
- Diversification des services proposés (marqueur des stratégies d’expansion)
- Évolution du parc immobilier (signalant des projets d’extension ou de modernisation)
Les données issues de Datapult.ai permettent d’identifier les entreprises du secteur présentant les caractéristiques les plus prometteuses selon ces critères, optimisant ainsi l’efficacité des démarches commerciales.
Approches sectorielles spécifiques
La prospection dans ce secteur gagne en efficacité lorsqu’elle s’adapte aux particularités du marché:
- Timing stratégique: Les décisions d’investissement en équipements de manutention suivent généralement un cycle de 5-7 ans
- Approche multicanale: Combinaison de présence sur les salons spécialisés (SITL, Intralogistics) et de stratégies digitales
- Argumentaires différenciés: Focalisation sur la productivité pour les grands groupes, sur la polyvalence pour les PME
Les périodes précédant les pics d’activité saisonniers (septembre-octobre et mars-avril) constituent des moments particulièrement propices pour les démarches commerciales.
Répartition géographique des entreprises
La distribution territoriale des entreprises de manutention non portuaire révèle des dynamiques économiques spécifiques liées aux infrastructures logistiques et aux bassins industriels.
Cartographie nationale du secteur
L’implantation des entreprises du code NAF 52.24B se caractérise par:
- Ile-de-France: 28% des entreprises, représentant 34% du chiffre d’affaires sectoriel, concentrées principalement autour des plateformes de Roissy et Orly
- Auvergne-Rhône-Alpes: 17% des entreprises, avec des pôles majeurs autour de Lyon et Saint-Etienne
- Hauts-de-France: 12% des entreprises, bénéficiant de la proximité avec l’Europe du Nord et des infrastructures multimodales
- Grand Est: 10% des entreprises, positionnées sur les corridors logistiques transfrontaliers
- Autres régions: 33% répartis sur l’ensemble du territoire, avec des concentrations secondaires près des métropoles régionales
Cette distribution s’explique par la proximité avec les grandes infrastructures de transport (aéroports cargo, gares de triage, plateformes logistiques) et les zones industrielles à forte activité.
Dynamiques territoriales et spécialisations
L’analyse régionale révèle des spécialisations distinctes:
- Les entreprises franciliennes se distinguent par une forte orientation vers le fret aérien et express (57% de leur activité)
- Le secteur en Auvergne-Rhône-Alpes présente une spécialisation industrielle marquée (chimie, pharmacie)
- Les Hauts-de-France se caractérisent par une forte intégration avec les flux logistiques européens
- La région PACA montre une complémentarité entre manutention portuaire et non portuaire
Cette répartition influence les stratégies de prospection, qui gagnent à être adaptées aux spécificités régionales et aux écosystèmes logistiques locaux.
Une étude récente de l’INSEE souligne la corrélation entre implantation des activités de manutention non portuaire et développement des zones logistiques périurbaines, avec un déplacement progressif vers des territoires plus éloignés des centres urbains pour des raisons foncières et d’accessibilité.
Le saviez-vous?
La manutention non portuaire française détient un record méconnu: c’est l’un des secteurs ayant connu la plus forte progression en termes d’amélioration de la sécurité au travail. Entre 2000 et 2022, le taux d’accidents avec arrêt de travail a diminué de 62%, passant de l’un des indices de fréquence les plus élevés tous secteurs confondus à un niveau proche de la moyenne nationale.
Cette évolution remarquable s’explique par une combinaison de facteurs: l’automatisation de nombreuses tâches à risque, l’amélioration ergonomique des équipements, le renforcement des formations à la sécurité et l’évolution des pratiques managériales. Le secteur est aujourd’hui souvent cité comme exemple de transformation réussie en matière de prévention des risques professionnels.
Exploiter les données pour votre prospection
Le secteur de la manutention non portuaire présente des caractéristiques qui en font un terrain particulièrement propice à une approche data-driven de la prospection commerciale.
Pour optimiser votre ciblage des entreprises du code NAF 52.24B, plusieurs approches spécifiques se révèlent particulièrement efficaces:
- Analyse des cycles d’investissement: Les entreprises du secteur suivent généralement des cycles de renouvellement d’équipements prévisibles (5-7 ans pour les engins lourds, 3-4 ans pour les équipements légers)
- Suivi des surfaces d’exploitation: L’extension des zones de manutention signale souvent un besoin imminent d’équipements complémentaires
- Monitoring des appels d’offres: Le secteur reste largement dépendant de marchés publics ou semi-publics (plateformes logistiques, aéroports)
- Veille sur les créations d’entreprises: Les nouveaux entrants représentent un potentiel commercial significatif (besoins d’équipement complets)
Ces approches, combinées aux données financières et structurelles disponibles sur les entreprises du secteur, permettent d’établir des scores de potentiel commercial particulièrement pertinents.
Les périodes les plus propices pour la prospection correspondent aux mois précédant les pics d’activité saisonniers (préparation des campagnes de fin d’année en juillet-août, anticipation des congés estivaux en janvier-février).
Une stratégie efficace consiste à combiner ces insights data avec une connaissance fine des spécificités régionales du secteur, pour une approche véritablement personnalisée et adaptée aux enjeux locaux de la manutention non portuaire.