Dans un secteur qui connaît de profondes mutations, le code NAF 59.14Z constitue la classification officielle pour les exploitants de salles de cinéma en France. Avec l’avènement des plateformes de streaming et la digitalisation du contenu, les cinémas traditionnels ont dû se réinventer pour continuer à attirer le public. Cette catégorie englobe l’ensemble des activités liées à la projection de films, documentaires et œuvres audiovisuelles dans des salles dédiées. Pilier culturel majeur du paysage français, avec près de 2,045 établissements actifs en 2023, ce secteur représente à la fois un patrimoine historique et un enjeu économique significatif, malgré les bouleversements récents causés par la crise sanitaire et l’évolution des habitudes de consommation audiovisuelle.
Définition et classification détaillée
Le code NAF 59.14Z s’inscrit dans une architecture précise au sein de la Nomenclature d’Activités Française. Ce code appartient à la division 59 (Production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision; enregistrement sonore et édition musicale), au groupe 59.1 (Activités cinématographiques, vidéo et de télévision) et à la classe 59.14 (Projection de films cinématographiques).
Positionnement dans la hiérarchie de la nomenclature INSEE
Cette classification s’intègre dans le secteur plus large des activités d’information et de communication (section J) et se différencie des autres activités cinématographiques par sa focalisation sur l’exploitation et la diffusion publique des œuvres, plutôt que sur leur production ou distribution. Contrairement à d’autres pays où la projection peut être fusionnée avec d’autres activités culturelles, la France a choisi de lui attribuer un code spécifique, reflétant l’importance culturelle particulière accordée au cinéma dans l’Hexagone.
La nomenclature INSEE positionne cette activité dans un ensemble cohérent qui permet de distinguer clairement les différents maillons de la chaîne de valeur cinématographique, de la production (59.11Z) à la distribution (59.13A) jusqu’à la projection finale (59.14Z).
Activités principales et secondaires couvertes
Le cœur de métier : la projection publique de films
La classification 59.14Z regroupe essentiellement les établissements dont l’activité principale consiste à projeter des œuvres cinématographiques dans des salles dédiées, qu’il s’agisse de :
- Cinémas traditionnels mono et multisalles
- Multiplexes et complexes cinématographiques
- Cinémas d’art et essai
- Cinémas itinérants
- Ciné-clubs avec projections régulières
Cette catégorie englobe également la projection de courts et longs métrages, documentaires, films d’animation, ainsi que des événements spéciaux comme des retransmissions d’opéras, concerts ou manifestations sportives dans des salles de cinéma.
Activités connexes incluses
Au-delà de la simple projection, ce code intègre plusieurs activités directement associées :
- Gestion des espaces de projection (salles, fauteuils, équipement technique)
- Exploitation des équipements de projection et sonorisation (technologie standard, 3D, IMAX, etc.)
- Organisation de festivals de cinéma, lorsque l’entité est principalement exploitante de salle
- Gestion de la billetterie et des réservations
Ce qui est exclu du code 59.14Z
Il est important de noter que certaines activités, même si elles peuvent être exercées par des cinémas, ne relèvent pas de ce code :
- La production de films (code 59.11)
- La distribution de films (code 59.13)
- La location de salles de cinéma à des tiers sans projection (68.20B)
- L’exploitation exclusive de cafétérias ou confiseries dans les cinémas, lorsqu’elle est réalisée par des entités distinctes (56.10)
Panorama économique du secteur en France
Le secteur de l’exploitation cinématographique en France présente un paysage économique contrasté, avec des indicateurs révélateurs de ses spécificités et de ses évolutions récentes.
État des lieux en chiffres
Au 1er janvier 2023, on dénombrait en France :
- 2,045 établissements cinématographiques actifs
- 6,193 écrans disponibles sur l’ensemble du territoire
- Plus de 152 millions d’entrées enregistrées en 2019 (avant-Covid), chutant à 65 millions en 2020, puis remontant progressivement à 152 millions en 2022
- Un chiffre d’affaires sectoriel estimé à 1,4 milliard d’euros en 2022
- Environ 15,000 emplois directs, dont une importante proportion d’emplois à temps partiel
La répartition territoriale de ces établissements est particulièrement intéressante : si les multiplexes concentrent une grande part des entrées (près de 60%), la France maintient un réseau dense de cinémas de proximité dans les petites et moyennes villes, conformément à sa politique d’aménagement culturel du territoire.
Tendances et défis actuels
Le secteur traverse actuellement une période de transformation profonde :
- Concentration croissante : 5 groupes (Pathé-Gaumont, CGR, UGC, Kinepolis et MK2) représentent plus de 60% des entrées
- Modernisation technique : passage à la projection numérique, développement des salles premium (4DX, ICE, Dolby Cinema)
- Concurrence des plateformes de streaming (Netflix, Amazon Prime, Disney+) qui réduisent les fenêtres d’exclusivité des salles
- Évolution des habitudes de consommation, particulièrement marquée chez les publics jeunes
La crise sanitaire de 2020-2021 a par ailleurs constitué un choc majeur pour ce secteur, accélérant certaines mutations déjà en cours et fragilisant de nombreux établissements indépendants.
Environnement réglementaire spécifique
Le secteur de l’exploitation cinématographique est encadré par un dispositif réglementaire particulièrement développé en France, reflet de l’importance culturelle et patrimoniale accordée au cinéma.
Cadre législatif principal
Les entreprises relevant du code NAF 59.14Z sont soumises à un ensemble de réglementations spécifiques :
- Le Code du cinéma et de l’image animée, qui régit l’ensemble des activités cinématographiques
- La réglementation sur l’autorisation d’exercice (autorisation d’exploiter délivrée par le CNC)
- Les obligations de programmation et engagements de diffusion (notamment pour les films d’art et essai)
- La chronologie des médias, définissant les délais entre la sortie en salles et les autres modes d’exploitation (VOD, télévision…)
- Les normes de sécurité propres aux établissements recevant du public (classement ERP de type L)
Le rôle central du CNC
Le Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) joue un rôle crucial dans la régulation du secteur. Il :
- Délivre les autorisations d’exercice et homologue les salles
- Gère le système d’aide à l’exploitation (soutien automatique et sélectif)
- Contrôle les déclarations de recettes et la billetterie normalisée
- Coordonne les dispositifs de soutien à la modernisation des salles
Les exploitants doivent notamment prélever une taxe spéciale sur les billets (TSA), reversée au CNC et qui alimente le fonds de soutien à l’industrie cinématographique.
Spécificités françaises et exceptions
La France se distingue par un dispositif d’exception culturelle particulièrement protecteur pour les salles de cinéma :
- Système de l’art et essai, avec classification spéciale et subventions dédiées
- Engagements de programmation imposés aux grands circuits
- Protection de la diversité cinématographique (quotas de films français et européens)
- Régulation des concentrations pour maintenir une pluralité d’acteurs
En outre, les exploitants sont soumis à une réglementation spécifique concernant l’accessibilité des salles aux personnes handicapées, avec un calendrier de mise en conformité défini par la loi.
Codes NAF connexes et distinctions importantes
Pour bien comprendre le positionnement du code 59.14Z, il est essentiel d’identifier les codes connexes et de clarifier les frontières parfois subtiles entre ces différentes classifications.
Code NAF | Intitulé | Différence avec 59.14Z |
---|---|---|
Code NAF 59.11C | Production de films pour le cinéma | Concerne la création du contenu et non sa diffusion publique |
Code NAF 59.13A | Distribution de films cinématographiques | Intermédiaire entre producteurs et exploitants de salles |
Code NAF 90.04Z | Gestion de salles de spectacles | Concerne les salles polyvalentes et non spécialisées dans le cinéma |
Code NAF 59.12Z | Post-production de films cinématographiques | Activités techniques après tournage et avant distribution |
Code NAF 93.29Z | Autres activités récréatives et de loisirs | Inclut certaines projections événementielles hors salles dédiées |
Cas particuliers et zones de chevauchement
Plusieurs situations peuvent créer des ambiguïtés dans le choix du code NAF approprié :
- Cinémas-restaurants : lorsque l’activité de restauration dépasse la simple confiserie mais reste secondaire à la projection, le code 59.14Z s’applique
- Complexes multi-loisirs : si la projection représente l’activité principale, le code 59.14Z prime, même si d’autres divertissements sont proposés
- Festivals de cinéma : selon leur structure, ils peuvent relever du 59.14Z (s’ils exploitent directement des salles) ou du 90.02Z (organisation de manifestations culturelles)
La distinction s’effectue généralement en fonction de l’activité prépondérante en termes de chiffre d’affaires et de ressources mobilisées.
Ciblage et stratégies de prospection B2B
Typologie des exploitants de salles en France
Pour une approche commerciale efficace, il est important de segmenter le marché des exploitants selon plusieurs critères :
- Par taille : grands circuits nationaux (80+ écrans), réseaux régionaux (15-80 écrans), cinémas indépendants (1-15 écrans)
- Par statut juridique : entreprises privées, établissements municipaux, associations, sociétés d’économie mixte
- Par positionnement : multiplexes grand public, cinémas art et essai, établissements mixtes
- Par implantation : centres-villes, centres commerciaux, zones périurbaines, milieu rural
Cette segmentation permet d’adapter l’offre aux besoins spécifiques de chaque catégorie d’exploitants, qui font face à des problématiques commerciales et techniques très différentes.
Opportunités commerciales par segment
Chaque segment du marché présente des besoins et opportunités distincts :
- Grands circuits : solutions centralisées de gestion, équipements premium, services marketing avancés
- Cinémas indépendants : solutions techniques abordables, mutualisation de services, accompagnement personnalisé
- Art et essai : outils de médiation culturelle, solutions d’animation de communauté, équipements spécifiques pour cycles thématiques
- Exploitants publics : interfaces avec les systèmes administratifs, solutions de billetterie conformes aux marchés publics
L’approche commerciale gagnera à intégrer les spécificités culturelles de ce secteur, qui ne répond pas uniquement à une logique de rentabilité mais aussi à des impératifs de qualité artistique et de mission culturelle.
Pour une prospection efficace, Datapult.ai permet d’identifier avec précision les établissements relevant du code 59.14Z et de les qualifier selon différents critères (localisation, taille, statut) essentiels pour adapter votre approche commerciale.
Zoom sur les technologies transformant les salles de cinéma
Le secteur de l’exploitation cinématographique connaît une révolution technologique qui transforme profondément l’expérience proposée au public et les modèles économiques associés.
Innovations majeures
Plusieurs technologies disruptives redéfinissent l’expérience cinématographique :
- Projection Laser : qualité d’image supérieure, maintenance réduite, économies d’énergie significatives
- Son immersif : systèmes Dolby Atmos, DTS:X avec localisation spatiale à 360°
- Salles à expériences : 4DX (mouvements, odeurs, effets atmosphériques), ScreenX (projection panoramique 270°)
- Réalité virtuelle et augmentée : espaces dédiés dans les cinémas pour expériences complémentaires
- Systèmes de billetterie intelligents : algorithmes prédictifs, personnalisation, optimisation des tarifs
Ces innovations techniques constituent à la fois un défi financier pour les exploitants (investissements lourds) et une opportunité de différenciation face aux offres de visionnage à domicile.
Perspectives d’évolution du secteur
L’exploitation cinématographique se trouve à un carrefour historique, entre traditions culturelles et révolution digitale. Plusieurs tendances structurelles façonnent son avenir :
Concentration et polarisation du marché
Le secteur connaît un double mouvement de concentration des grands acteurs (fusions et acquisitions entre circuits) et de spécialisation renforcée des établissements indépendants. Cette polarisation s’accompagne d’une diversification des expériences proposées : d’un côté des complexes premium multi-services, de l’autre des cinémas de niche à forte identité culturelle.
Pour les entreprises ciblant ce secteur, cette évolution implique d’adapter les stratégies commerciales à un marché de plus en plus segmenté, où les décisions d’achat suivent des logiques très différentes selon la catégorie d’exploitant.
L’avenir de la projection cinématographique passera inévitablement par une redéfinition de sa place dans l’écosystème audiovisuel global, avec probablement une évolution vers des expériences plus événementielles, plus sociales et plus immersives que ce que peuvent offrir les plateformes domestiques.
Pour les acteurs B2B souhaitant se positionner sur ce marché en transformation, l’enjeu consistera à accompagner cette mutation en proposant des solutions qui renforcent la valeur ajoutée spécifique de l’expérience collective en salle, tout en permettant aux exploitants d’optimiser leur rentabilité dans un contexte économique exigeant.
En définitive, malgré les défis, le secteur identifié par le code NAF 59.14Z conserve un potentiel d’innovation et d’adaptation qui en fait un terrain d’opportunités pour les entreprises capables d’en comprendre les spécificités culturelles, techniques et économiques.