Le secteur de la construction d’ouvrages maritimes et fluviaux représente un domaine d’ingénierie hautement spécialisé au carrefour du génie civil et de l’hydraulique. Classé sous le code NAF 42.91Z, cette branche d’activité englobe l’ensemble des travaux de construction, de rénovation et d’entretien des infrastructures bordant ou traversant les espaces aquatiques, qu’ils soient maritimes ou fluviaux. Dans un pays comme la France, doté de 5 500 km de côtes et d’un réseau fluvial de plus de 8 500 km de voies navigables, cette catégorie d’activités joue un rôle stratégique tant pour le commerce maritime que pour la gestion des risques hydrauliques et la protection des zones côtières face aux défis croissants du changement climatique.
Panorama économique du secteur
La construction d’ouvrages maritimes et fluviaux constitue un segment spécifique au sein du vaste secteur de la construction, avec des caractéristiques économiques propres à son environnement d’intervention.
Un marché de niche aux enjeux considérables
Le code NAF 42.91Z regroupe les entreprises spécialisées dans les travaux hydrauliques d’envergure. Ces structures, généralement de taille moyenne à grande, doivent mobiliser d’importantes ressources techniques et humaines pour mener à bien des projets complexes. En France, ce secteur représente approximativement 300 entreprises spécialisées qui génèrent un chiffre d’affaires annuel estimé à plus de 2,5 milliards d’euros.
Ce marché présente la particularité d’être fortement dépendant des investissements publics, avec près de 70% des commandes émanant de l’État, des collectivités territoriales ou des grands établissements publics comme les Grands Ports Maritimes ou Voies Navigables de France (VNF).
Positionnement dans l’économie nationale
Bien que relativement restreint en nombre d’acteurs, ce segment joue un rôle stratégique dans l’économie nationale. Les infrastructures maritimes et fluviales représentent des maillons essentiels dans la chaîne logistique française, avec 7 grands ports maritimes qui traitent plus de 350 millions de tonnes de marchandises par an.
De plus, dans un contexte de transition écologique, les investissements dans le transport fluvial, moins polluant que le transport routier, connaissent une croissance notable depuis quelques années. Le Plan de relance 2020-2022 a notamment consacré plus de 175 millions d’euros à la modernisation et au développement des infrastructures fluviales.
Définition et classification
Le code NAF 42.91Z s’inscrit dans une hiérarchie précise au sein de la Nomenclature d’Activités Française, reflétant la spécificité des constructions hydrauliques.
Positionnement dans la nomenclature INSEE
Cette classification s’intègre dans l’arborescence suivante :
- Section F : Construction
- Division 42 : Génie civil
- Groupe 42.9 : Construction d’autres ouvrages de génie civil
- Classe 42.91 : Construction d’ouvrages maritimes et fluviaux
- Sous-classe 42.91Z : Construction d’ouvrages maritimes et fluviaux
Cette sous-classe constitue une catégorie à part entière dans la nomenclature française, sans subdivision ultérieure, témoignant de la cohérence des activités qu’elle regroupe malgré leur diversité technique.
Correspondance avec les nomenclatures internationales
Au niveau européen et international, ce code correspond à :
- NACE Rev.2 : 42.91 – Construction d’ouvrages maritimes et fluviaux
- CITI Rev.4 : 4290 – Construction d’autres ouvrages de génie civil
Ces correspondances facilitent les comparaisons internationales et les analyses sectorielles à l’échelle européenne ou mondiale, particulièrement pertinentes pour un secteur dont les plus grands acteurs opèrent souvent à l’international.
Activités principales et secondaires
Infrastructures portuaires et maritimes
Le code NAF 42.91Z englobe en premier lieu la construction et l’entretien d’infrastructures maritimes telles que :
- Les ports de commerce, de pêche et de plaisance
- Les quais, appontements et terminaux maritimes
- Les jetées, digues et brise-lames
- Les écluses maritimes et barrages anti-tempête
- Les plateformes offshore et leurs infrastructures associées
Ces réalisations requièrent des techniques spécifiques comme le battage de pieux, l’immersion de caissons, ou encore la mise en œuvre de béton immergé, qui nécessitent des compétences très spécialisées.
Ouvrages fluviaux et voies navigables
Dans le domaine fluvial, ce code couvre :
- La construction et la rénovation d’écluses et de barrages de navigation
- L’aménagement de canaux et voies navigables
- La réalisation de quais fluviaux et d’appontements
- Le dragage de chenaux et d’entretien des voies navigables
- Les ouvrages de protection contre les crues
Par exemple, la construction d’une écluse comme celle de Gambsheim sur le Rhin, capable d’accueillir des convois de 180m de long, relève typiquement de cette catégorie d’activités.
Travaux sous-marins et spéciaux
Cette classification inclut également :
- Les travaux sous-marins nécessitant l’intervention de plongeurs professionnels ou de robots
- La pose de câbles et conduites sous-marines
- Le renforcement de berges et la stabilisation de fonds marins
- Les opérations de dragage et d’extraction de matériaux immergés
Ces interventions exigent un équipement spécifique comme des barges spécialisées, des navires équipés de grues ou des pontons de forage.
Exclusions notables
Il est important de souligner que certaines activités proches ne relèvent pas du code 42.91Z, notamment :
- La construction de barrages hydroélectriques (code 42.22Z)
- Les travaux de dépollution des eaux (code 39.00Z)
- Les études techniques sans réalisation de travaux (code 71.12B)
- La construction navale (code 30.11Z)
Tendances et évolutions du marché
Adaptation aux enjeux climatiques
Le secteur de la construction d’ouvrages maritimes et fluviaux connaît une profonde mutation face aux défis climatiques. L’élévation du niveau des mers, estimée entre 20 et 80 cm d’ici 2100 selon les scénarios du GIEC, modifie considérablement les cahiers des charges des ouvrages côtiers. En France, le programme national d’actions contre l’érosion côtière mobilise aujourd’hui près de 40 millions d’euros annuels pour des ouvrages de protection adaptés aux nouvelles contraintes.
De même, la recrudescence d’événements climatiques extrêmes conduit à repenser les infrastructures fluviales pour améliorer la gestion des crues. Le projet PAPI (Programme d’Actions de Prévention des Inondations) a ainsi alloué plus de 1,2 milliard d’euros sur la période 2018-2022 pour renforcer les protections hydrauliques sur le territoire français.
Innovations technologiques
L’innovation technique transforme également les méthodes de construction hydraulique :
- Utilisation croissante de la modélisation numérique (BIM hydraulique) pour optimiser les conceptions
- Développement de bétons spéciaux résistants à la corrosion marine
- Intégration de capteurs connectés pour la surveillance en temps réel des ouvrages
- Recours aux drones sous-marins pour l’inspection et la maintenance
Ces innovations permettent d’améliorer la durabilité des infrastructures tout en réduisant les coûts d’entretien. Par exemple, le port de La Rochelle a récemment mis en œuvre un système de surveillance intelligente de ses digues, combinant capteurs et intelligence artificielle pour anticiper les besoins de maintenance.
Verdissement du secteur
La dimension environnementale prend une importance croissante, avec l’émergence de concepts comme :
- Les infrastructures hydrauliques à impact positif sur la biodiversité
- Les récifs artificiels intégrés aux ouvrages de protection côtière
- Les techniques de génie écologique appliquées à la stabilisation des berges
Le projet SEABOOST dans le port de Marseille illustre cette tendance, avec des modules de quai conçus pour favoriser la colonisation par la faune et la flore marines, transformant une infrastructure portuaire en habitat écologique.
Environnement réglementaire
Le secteur de la construction d’ouvrages maritimes et fluviaux est soumis à un cadre réglementaire particulièrement dense, reflétant les enjeux environnementaux, sécuritaires et patrimoniaux associés à ces constructions.
Cadre législatif spécifique
Les entreprises relevant du code NAF 42.91Z doivent se conformer à une réglementation sectorielle exigeante incluant :
- La Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA), qui impose des procédures d’autorisation préalables pour tout ouvrage hydraulique
- La Loi Littoral, qui encadre strictement les constructions sur le domaine maritime
- Le Code des Transports (partie maritime et fluviale)
- Les réglementations techniques spécifiques comme le fascicule 74 du CCTG pour les ouvrages en béton immergés
Tout projet d’envergure nécessite également une étude d’impact environnemental approfondie et souvent une enquête publique, procédures particulièrement longues pouvant atteindre 18 à 24 mois avant le démarrage effectif des travaux.
Évolutions réglementaires récentes
Depuis 2020, plusieurs évolutions notables ont impacté le secteur :
- Le décret du 30 juin 2021 renforçant les exigences de résistance aux phénomènes climatiques extrêmes pour les ouvrages maritimes
- La nouvelle Stratégie Nationale pour la Mer et le Littoral adoptée en 2023, qui modifie les critères d’autorisation des aménagements côtiers
- L’évolution des normes techniques européennes avec les Eurocodes spécifiques aux structures hydrauliques (notamment l’Eurocode 7 pour les fondations en milieu aquatique)
Ces évolutions tendent globalement vers un renforcement des exigences environnementales et une meilleure prise en compte de la résilience face au changement climatique.
Codes NAF connexes et différences
La construction d’ouvrages maritimes et fluviaux s’inscrit dans un écosystème d’activités complémentaires, avec des frontières parfois subtiles entre plusieurs codes NAF.
Code NAF | Intitulé | Différence avec 42.91Z |
---|---|---|
Code NAF 42.99Z | Construction d’autres ouvrages de génie civil n.c.a. | Concerne les ouvrages terrestres non hydrauliques, contrairement au 42.91Z spécialisé dans l’interface avec l’eau |
Code NAF 43.99D | Autres travaux spécialisés de construction | Couvre des travaux spécifiques sans responsabilité de l’ensemble du projet, alors que 42.91Z inclut généralement la maîtrise d’œuvre complète |
Code NAF 42.22Z | Construction de réseaux électriques et de télécommunications | Inclut la construction de barrages hydroélectriques, alors que 42.91Z concerne les barrages de navigation et de protection |
Code NAF 71.12B | Ingénierie, études techniques | Se limite à la conception et aux études sans réalisation des travaux, contrairement au 42.91Z qui couvre l’exécution |
Code NAF 81.30Z | Services d’aménagement paysager | Concerne l’aménagement des berges d’un point de vue paysager uniquement, sans intervention sur les structures hydrauliques |
Cette distinction est essentielle pour catégoriser correctement les entreprises, notamment dans le cadre des marchés publics où les certifications et qualifications requises diffèrent selon le code NAF.
Ciblage B2B par région et taille d’entreprise
La répartition géographique des entreprises relevant du code NAF 42.91Z présente des caractéristiques intéressantes pour une stratégie de prospection B2B efficace.
Concentration géographique des acteurs
Le secteur de la construction d’ouvrages maritimes et fluviaux présente une répartition territoriale fortement corrélée avec la géographie hydraulique française :
- Façade atlantique : environ 30% des entreprises, avec une concentration notable en Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine
- Façade méditerranéenne : près de 25% des acteurs, particulièrement en région PACA et Occitanie
- Bassins fluviaux majeurs : 30% des entreprises le long des grands axes fluviaux (Seine, Rhône, Loire)
- Île-de-France : 15% des sièges sociaux, bien que les opérations se déroulent sur l’ensemble du territoire
Cette cartographie révèle des opportunités de prospection ciblée, notamment avec le développement de projets maritimes en Normandie ou les grands chantiers de rénovation fluviale dans le Grand Est.
Typologie des entreprises
La structure du secteur présente trois catégories principales d’acteurs :
- Leaders nationaux (7% des entreprises) : filiales spécialisées des grands groupes de BTP (Bouygues, Vinci, Eiffage) capables de gérer des projets dépassant 50 millions d’euros
- ETI spécialisées (23% des entreprises) : structures de 50 à 250 salariés avec une expertise reconnue sur des segments spécifiques comme la construction portuaire ou la protection côtière
- PME locales (70% des entreprises) : entreprises de moins de 50 salariés intervenant sur des chantiers d’ampleur régionale, souvent en sous-traitance des acteurs plus importants
Cette diversité implique d’adapter les approches de prospection selon la cible visée, avec des décisionnaires et des processus d’achat très différents entre ces catégories.
Stratégies de ciblage B2B efficaces
Pour optimiser une démarche de prospection dans ce secteur, Datapult.ai recommande d’exploiter plusieurs critères de segmentation :
- Combiner le critère géographique avec la spécialité technique (dragage, construction portuaire, protection côtière)
- Segmenter par taille de projets habituellement réalisés plutôt que par simple effectif
- Identifier les entreprises certifiées FNTP dans les catégories spécifiques aux ouvrages hydrauliques
- Cibler en priorité les régions bénéficiant de programmes d’investissement publics importants
Le secteur présente également une saisonnalité marquée, avec une intensification des activités entre mars et octobre, période plus favorable pour les travaux hydrauliques. Cette caractéristique doit être prise en compte dans le calendrier des actions commerciales.
Le saviez-vous ? Particularités des chantiers fluviaux
Les chantiers d’ouvrages fluviaux présentent une contrainte majeure rarement évoquée : ils doivent souvent maintenir la navigation pendant les travaux. Cette exigence impose des méthodes de construction par phases, avec des chenaux provisoires et des plages horaires restreintes. Par exemple, la rénovation récente des écluses du canal du Rhône au Rhin a nécessité la mise en place d’un système sophistiqué de batardeaux (barrages temporaires) permettant de travailler à sec sur une moitié d’ouvrage pendant que l’autre moitié restait en service.
Cette complexité logistique explique pourquoi les chantiers fluviaux s’étalent généralement sur des durées 30 à 50% plus longues que des chantiers terrestres comparables, et nécessitent une expertise particulière en phasage et planification.
Exploiter les données sectorielles pour votre prospection
Le code NAF 42.91Z regroupe des entreprises aux profils variés mais partageant des défis communs. Pour une prospection efficace dans ce secteur, plusieurs approches spécifiques peuvent être envisagées.
Indicateurs clés à surveiller
Le suivi de certains indicateurs sectoriels permet d’identifier les opportunités de développement commercial :
- Les programmes d’investissement des grands ports maritimes français (GPMM, HAROPA, etc.)
- Le plan pluriannuel d’investissement de Voies Navigables de France
- Les appels d’offres des collectivités côtières pour la protection contre l’érosion
- Les grands projets d’aménagement littoral et fluvial annoncés par les régions
Ces informations peuvent être consolidées pour anticiper les besoins des acteurs du secteur en matière d’équipements, de matériaux spécialisés ou de prestations techniques.
Personnalisation des approches commerciales
Pour maximiser l’impact de vos démarches commerciales auprès des entreprises du code NAF 42.91Z, il est recommandé de :
- Adapter votre discours aux spécificités techniques du secteur hydraulique
- Mettre en avant les aspects de durabilité et de résistance aux conditions maritimes de vos produits ou services
- Proposer des solutions répondant aux contraintes réglementaires spécifiques au milieu aquatique
- Démontrer votre compréhension des cycles de projets particulièrement longs dans ce secteur
La saisonnalité des travaux maritimes et fluviaux impose également d’ajuster le calendrier des actions commerciales, en privilégiant les périodes de préparation plutôt que les phases actives de chantier.
En exploitant judicieusement les données sectorielles et en adoptant une approche ciblée, vous pourrez transformer votre connaissance du code NAF 42.91Z en avantage concurrentiel pour votre développement commercial dans ce secteur de niche mais porteur.