Dans un contexte d’urgence climatique et de raréfaction des ressources naturelles, le secteur de la récupération des déchets triés (code NAF 38.32Z) occupe une position stratégique au cœur de l’économie circulaire française. Ce secteur en pleine transformation valorise annuellement plus de 38 millions de tonnes de matières, représentant un maillon essentiel de la chaîne de recyclage qui permet de réintroduire dans le cycle économique des matières premières secondaires. Face aux objectifs ambitieux de la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) et du Pacte vert européen, cette classification regroupe les entreprises dont l’activité principale consiste à transformer des déchets métalliques et non métalliques, des débris et d’autres articles en matières premières secondaires par un processus de transformation mécanique ou chimique.
Panorama économique du secteur de la récupération
Le secteur de la récupération de déchets triés représente un pilier majeur de l’économie circulaire en France. Cette classification (38.32Z) s’inscrit dans la division 38 (Collecte, traitement et élimination des déchets ; récupération) de la section E (Production et distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution) de la Nomenclature d’Activités Française.
Contrairement au code 38.31Z qui concerne le démantèlement d’épaves, le code 38.32Z se focalise spécifiquement sur les processus de transformation des déchets préalablement triés en nouvelles matières premières. Cette nuance est essentielle pour comprendre le positionnement de ces entreprises dans la chaîne de valeur du recyclage.
Un secteur en pleine mutation technologique
Le marché français de la récupération des déchets triés connaît une révolution technologique majeure avec l’introduction de technologies 4.0 comme l’intelligence artificielle pour le tri optique, la robotique avancée et l’automatisation des processus. Ces innovations permettent d’atteindre des taux de pureté des matières récupérées inédits, répondant ainsi aux exigences croissantes des industries utilisatrices de matières premières secondaires.
Définition et classification précise
Le code NAF 38.32Z englobe les activités de transformation des déchets métalliques et non métalliques, des débris et d’autres articles en matières premières secondaires. Ce processus implique généralement une transformation mécanique ou chimique.
La caractéristique distinctive de cette catégorie est que les intrants consistent en déchets et débris, triés ou non, mais toujours impropres à un usage direct dans un processus industriel, alors que le produit final est adapté à une utilisation directe dans un processus de fabrication industrielle.
Positionnement dans la nomenclature INSEE
Cette classification s’inscrit dans l’architecture suivante :
- Section E : Production et distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution
- Division 38 : Collecte, traitement et élimination des déchets ; récupération
- Groupe 38.3 : Récupération
- Classe 38.32 : Récupération de déchets triés
- Sous-classe 38.32Z : Récupération de déchets triés
Cette position dans la nomenclature reflète la spécificité de ce secteur qui se situe à l’interface entre la gestion des déchets et la production industrielle, jouant un rôle de transformation essentiel dans l’économie circulaire.
Activités principales et secondaires
Le code NAF 38.32Z couvre un spectre large d’activités spécifiques liées à la transformation des déchets triés en nouvelles ressources utilisables. Ces activités se distinguent par le type de matériaux traités et les processus de transformation employés.
Récupération des métaux
Cette catégorie inclut la transformation mécanique des déchets métalliques comme les voitures usagées, les électroménagers hors d’usage, les vélos et autres, afin d’obtenir des matières premières secondaires. Les opérations typiques comprennent :
- Le broyage mécanique de déchets métalliques
- La réduction mécanique de grands volumes métalliques
- Le démontage, le découpage et le cisaillage
- Le traitement des métaux ferreux et non ferreux
- Le broyage des véhicules hors d’usage (VHU)
Récupération des matériaux non métalliques
Cette catégorie englobe la récupération des matières secondaires à partir de déchets non métalliques par des procédés de transformation variés :
- Récupération de caoutchouc (pneumatiques usagés) pour produire des matières premières secondaires
- Tri et granulation de plastiques pour produire des matières premières secondaires
- Traitement du verre usagé
- Traitement d’autres déchets (déchets de construction et de démolition, etc.)
- Transformation des huiles et graisses alimentaires usées en matières premières secondaires
Cas particulier des DEEE
Un segment en forte croissance concerne la récupération des Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques (DEEE), qui nécessite des procédés spécifiques pour extraire les métaux précieux, les terres rares et autres composants à haute valeur ajoutée. Ce segment illustre la complexification technologique croissante du secteur.
Tendances et évolutions du marché
Le marché de la récupération des déchets triés connaît actuellement des transformations majeures sous l’impulsion de facteurs réglementaires, technologiques et économiques.
Croissance du secteur et chiffres clés
Ce secteur représente en France plus de 1 400 entreprises employant environ 30 000 salariés, pour un chiffre d’affaires annuel de 12,5 milliards d’euros selon les données 2022 de FEDEREC (Fédération Professionnelle des Entreprises du Recyclage). Le secteur traite annuellement plus de 38 millions de tonnes de matériaux, contribuant significativement à l’économie circulaire nationale.
La répartition du marché montre une prédominance des métaux ferreux (environ 35% des volumes), suivis par les matériaux de construction (28%), le papier-carton (15%), le verre (10%), les plastiques (7%) et les métaux non ferreux (5%).
Évolutions structurelles du secteur
On observe plusieurs tendances marquantes dans l’évolution du secteur :
- Une concentration accélérée avec l’émergence de groupes nationaux et internationaux intégrés
- L’augmentation des exigences de qualité pour les matières premières secondaires
- L’industrialisation croissante des processus de récupération
- Une volonté accrue d’intégration verticale, notamment avec les industries utilisatrices finales
- Le développement de technologies de tri avancées permettant une valorisation plus fine des matériaux
Le saviez-vous ?
Une tonne d’acier recyclée permet d’économiser 1,5 tonne de minerai de fer, 500 kg de charbon et 70% d’énergie par rapport à la production d’acier primaire. Le secteur de la récupération des déchets triés joue ainsi un rôle crucial dans la réduction de l’empreinte carbone de l’industrie française.
Environnement réglementaire spécifique
Le secteur de la récupération des déchets triés est encadré par un arsenal réglementaire particulièrement dense, en constante évolution sous l’impulsion des politiques environnementales européennes et françaises.
Cadre législatif français et européen
Les entreprises du code NAF 38.32Z sont soumises à plusieurs textes fondamentaux :
- La loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) de 2020, qui fixe des objectifs ambitieux de recyclage
- La directive-cadre européenne 2008/98/CE relative aux déchets, modifiée par le paquet économie circulaire
- La réglementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), notamment les rubriques 2710, 2711, 2712, 2713, 2714, 2715, 2716 et 2791
- Les réglementations spécifiques par flux de déchets (DEEE, VHU, batteries, etc.)
Évolutions réglementaires récentes impactant le secteur
Parmi les évolutions réglementaires récentes ayant un impact significatif sur le secteur :
- Le renforcement des objectifs de recyclage avec le Pacte vert européen
- L’interdiction d’exportation de certains déchets plastiques vers les pays non-OCDE depuis 2021
- L’obligation de traçabilité renforcée des déchets avec le bordereau de suivi des déchets dématérialisé (BSD)
- Le développement de la responsabilité élargie du producteur (REP) à de nouvelles filières
- Les mesures fiscales incitatives pour l’incorporation de matières premières secondaires
Ces évolutions réglementaires constituent à la fois des contraintes mais aussi des opportunités pour les entreprises du secteur qui doivent s’adapter en permanence.
Codes NAF connexes et différences
Le code 38.32Z s’inscrit dans un écosystème d’activités liées à la gestion et au traitement des déchets, mais se distingue clairement des autres codes par sa mission spécifique de transformation des déchets en nouvelles ressources.
| Code NAF | Intitulé | Différence avec 38.32Z |
|---|---|---|
| 38.31Z | Démantèlement d’épaves | Se concentre uniquement sur le démantèlement initial, sans transformation en matières secondaires |
| 38.21Z | Traitement et élimination des déchets non dangereux | Vise l’élimination plutôt que la valorisation des déchets |
| 38.22Z | Traitement et élimination des déchets dangereux | Spécialisé dans les déchets dangereux avec des procédés spécifiques |
| 38.11Z | Collecte des déchets non dangereux | Se limite à la collecte sans transformation en matières secondaires |
| 24.53Z | Fonderie de métaux légers | Processus industriel de fabrication à partir de métaux, sans dimension de récupération |
Cette distinction est essentielle pour les entreprises cherchant à identifier correctement leur code NAF, ainsi que pour les acteurs économiques souhaitant cibler précisément les entreprises de récupération de déchets triés dans leurs démarches commerciales.
Stratégies de prospection B2B dans le secteur de la récupération
Le marché de la récupération des déchets triés présente des opportunités de prospection B2B spécifiques, tant pour les fournisseurs d’équipements que pour les prestataires de services.
Segmentation stratégique du marché
Pour une prospection efficace, il convient d’adopter une approche segmentée basée sur plusieurs critères propres au secteur :
- Par type de matériaux traités : métaux ferreux, non-ferreux, plastiques, papiers-cartons, verre, DEEE
- Par taille d’entreprise : du récupérateur local indépendant aux grands groupes internationaux
- Par niveau d’intégration : récupérateurs simples, transformateurs intégrés, recycleurs industriels
- Par rayonnement géographique : local, régional, national, international
- Par niveau technologique : traditionnels, semi-automatisés, haute technologie
Opportunités de ciblage vertical
Plusieurs segments spécifiques présentent des opportunités de prospection particulièrement intéressantes :
- Les entreprises spécialisées dans la récupération des métaux stratégiques et terres rares
- Les récupérateurs investissant dans les technologies avancées de tri optique et d’IA
- Les acteurs développant des solutions pour les plastiques complexes et composites
- Les entreprises positionnées sur les nouveaux flux émergents (batteries lithium-ion, composites carbone, etc.)
L’accès à des données précises sur ces entreprises via des plateformes comme Datapult.ai permet d’identifier les acteurs les plus pertinents selon ces critères de segmentation.
Répartition géographique des opportunités
La distribution territoriale des entreprises de récupération de déchets triés montre des concentrations significatives dans certaines régions françaises. Les principales zones d’implantation se trouvent dans les bassins industriels historiques (Hauts-de-France, Grand Est), les régions portuaires (Normandie, PACA) et les grandes métropoles (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes). Cette répartition géographique influence les stratégies de prospection territoriale.
Impact environnemental et transition écologique
L’activité de récupération des déchets triés se trouve au cœur des enjeux de transition écologique, contribuant directement à plusieurs objectifs environnementaux majeurs.
Contribution à la réduction des émissions de CO₂
Les entreprises du code NAF 38.32Z participent activement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En produisant des matières premières secondaires, elles permettent d’éviter l’extraction et la transformation de ressources vierges, processus généralement beaucoup plus énergivores. Selon l’ADEME, le recyclage permet d’économiser en moyenne 58% d’énergie par rapport à la production de matières vierges, ce qui se traduit par une réduction significative des émissions de CO₂.
À titre d’exemple, le recyclage d’une tonne d’aluminium permet d’économiser environ 9 tonnes d’émissions de CO₂ par rapport à la production primaire. Pour l’acier, l’économie est d’environ 1,5 tonne de CO₂ par tonne recyclée.
Défis techniques et innovations
Malgré ces bénéfices, le secteur fait face à plusieurs défis techniques majeurs :
- La gestion des impuretés et des contaminants dans les flux de déchets
- Le traitement des matériaux composites et multi-couches difficiles à séparer
- La variabilité de la qualité des intrants qui complique la standardisation
- Les limites techniques actuelles pour certains matériaux (plastiques thermodurcissables, etc.)
Ces défis stimulent l’innovation dans le secteur, avec le développement de technologies de tri avancées (intelligence artificielle, spectroscopie), de nouveaux procédés chimiques de recyclage et des approches d’écoconception facilitant la récupération future des matériaux.
Ciblage B2B par région et taille d’entreprise
Pour une prospection commerciale efficace des entreprises du code NAF 38.32Z, l’analyse croisée des implantations géographiques et des tailles d’entreprises révèle des opportunités différenciées selon les territoires.
Distribution par taille d’entreprise
Le secteur présente une structure pyramidale caractéristique :
- Environ 65% de TPE (moins de 10 salariés), souvent spécialisées sur des niches locales
- 25% de PME (10 à 249 salariés), généralement positionnées sur plusieurs flux de matériaux
- 10% d’ETI et grands groupes, souvent intégrés verticalement ou appartenant à des ensembles industriels plus larges
Cette répartition influence directement les stratégies commerciales à adopter, notamment en termes de niveau de décision et de besoins d’équipements ou de services.
Concentration régionale et spécificités territoriales
L’analyse régionale révèle des spécialisations territoriales marquées :
- Hauts-de-France et Grand Est : forte concentration d’entreprises spécialisées dans les métaux, en lien avec l’héritage industriel
- Auvergne-Rhône-Alpes : écosystème diversifié avec une spécialisation dans les métaux non ferreux et les DEEE
- Normandie et PACA : présence importante de récupérateurs liés aux activités portuaires
- Île-de-France : concentration de sièges sociaux et d’unités spécialisées dans les déchets urbains
- Nouvelle-Aquitaine et Occitanie : développement d’entreprises innovantes sur les matériaux composites et biosourcés
Zoom sur les Hauts-de-France
Cette région constitue un territoire particulièrement dynamique pour le secteur de la récupération, avec plus de 180 entreprises représentant près de 4 000 emplois. La proximité avec la Belgique et le cluster métallurgique historique ont favorisé le développement d’entreprises spécialisées dans la récupération des métaux ferreux et non ferreux. Le port de Dunkerque constitue également une plateforme logistique majeure pour le commerce international de matières premières secondaires.
Conclusion : exploiter les données sectorielles pour votre prospection
Le secteur de la récupération des déchets triés (code NAF 38.32Z) présente un potentiel commercial significatif pour de nombreux fournisseurs d’équipements, de services et de solutions technologiques. Pour exploiter efficacement ce potentiel, l’accès à des données qualifiées et actualisées sur ces entreprises constitue un avantage concurrentiel déterminant.
Les stratégies de prospection gagnantes dans ce secteur s’appuient sur une segmentation fine combinant critères techniques (type de matériau traité, niveau technologique), économiques (taille, positionnement dans la chaîne de valeur) et géographiques. Cette approche personnalisée permet d’adapter les propositions commerciales aux besoins spécifiques de chaque segment.
Dans un contexte d’accélération des investissements liés à la transition écologique et à l’économie circulaire, les entreprises du code NAF 38.32Z représentent des cibles prioritaires pour de nombreux produits et services B2B, notamment dans les domaines des équipements industriels, de l’optimisation des processus, de la conformité réglementaire et des solutions numériques.