Fleuron de l’industrie française, le secteur de la construction aéronautique et spatiale représente un pilier majeur de l’économie nationale avec plus de 195 000 emplois directs et un chiffre d’affaires dépassant les 70 milliards d’euros en 2022. Identifié par le code NAF 30.30Z, ce secteur hautement stratégique englobe la conception, la fabrication et l’assemblage d’aéronefs, de véhicules spatiaux et de leurs systèmes propulsifs. La France, quatrième puissance aérospatiale mondiale, abrite des leaders internationaux comme Airbus, Dassault Aviation, Safran et Thales, ainsi qu’un écosystème dynamique de sous-traitants spécialisés. Cette classification couvre un large spectre d’activités allant des avions commerciaux aux satellites de télécommunication, en passant par les hélicoptères, les drones et les lanceurs spatiaux.
Panorama économique du secteur aérospatial français
Le code NAF 30.30Z désigne l’une des industries les plus technologiquement avancées et stratégiques de l’économie française. Cette classification, établie par l’INSEE, s’inscrit dans la division 30 (Fabrication d’autres matériels de transport), elle-même partie de la section C (Industrie manufacturière) de la Nomenclature d’Activités Française révision 2 (NAF rév. 2).
Dans la hiérarchie complète de la nomenclature, le code 30.30Z se décompose ainsi :
- Section C : Industrie manufacturière
- Division 30 : Fabrication d’autres matériels de transport
- Groupe 30.3 : Construction aéronautique et spatiale
- Classe 30.30 : Construction aéronautique et spatiale
- Sous-classe 30.30Z : Construction aéronautique et spatiale
Un secteur d’excellence à forte valeur ajoutée
L’industrie aéronautique et spatiale française se distingue par sa forte intensité technologique, son niveau d’innovation élevé et sa contribution significative à la balance commerciale nationale. Premier secteur exportateur français avec plus de 85% de son chiffre d’affaires réalisé à l’export, il génère un excédent commercial de 34 milliards d’euros en moyenne annuelle (hors période COVID).
Ce secteur se caractérise également par :
- Une concentration importante autour de quelques grands donneurs d’ordres
- Une chaîne de valeur très structurée avec plusieurs rangs de sous-traitance
- Des cycles de développement longs (5 à 10 ans pour un nouvel avion)
- Des investissements en R&D considérables (plus de 12% du chiffre d’affaires)
- Une forte dépendance aux commandes publiques pour certains segments (défense, espace)
Définition et classification détaillée
Le code NAF 30.30Z regroupe les entreprises spécialisées dans la conception, la fabrication, l’assemblage et la maintenance d’aéronefs et de véhicules spatiaux. Cette classification couvre un large éventail d’activités industrielles hautement technologiques.
Périmètre exact de la classification
Selon les définitions officielles de l’INSEE, cette classification englobe spécifiquement :
- La construction d’avions pour le transport de marchandises ou de passagers, pour les forces militaires, pour le sport ou autres usages
- La construction d’hélicoptères
- La construction de planeurs et d’ailes delta
- La construction de dirigeables et de ballons à air chaud
- La fabrication de véhicules spatiaux et de leurs lanceurs, de satellites, de sondes planétaires, de stations orbitales et de navettes spatiales
- La fabrication de missiles balistiques intercontinentaux
- La fabrication de parties et accessoires des aéronefs de cette classe (fuselages, ailes, portes, empennages, gouvernes, trains d’atterrissage, réservoirs à combustibles, nacelles, etc.)
- La fabrication d’hélices, de rotors et de pales de rotors pour hélicoptères
- La fabrication de moteurs pour l’aéronautique et l’astronautique
- La fabrication de parties de turboréacteurs et de turbopropulseurs pour aéronefs
- La fabrication de simulateurs de vol
- La construction de sièges pour avions
Cette classification exclut cependant la fabrication de parachutes, d’instruments aéronautiques, de systèmes de navigation aérienne et de matériel au sol d’entraînement au vol, qui relèvent respectivement des codes NAF 13.92Z, 26.51B et 30.99Z.
Activités principales et secondaires
Le secteur aéronautique et spatial français recouvre une diversité d’activités qui peuvent être segmentées selon plusieurs critères : type de produits, marchés finaux ou position dans la chaîne de valeur.
Segments par type de produits
L’aéronautique civile représente environ 75% du chiffre d’affaires du secteur en France et comprend :
- Aviation commerciale : Conception et fabrication d’avions de ligne (court, moyen et long-courriers), activité dominée par Airbus
- Aviation d’affaires : Jets privés et avions d’affaires (Dassault Falcon)
- Aviation légère et de loisir : Avions de tourisme, ULM, planeurs
- Hélicoptères civils : Pour le transport VIP, l’offshore pétrolier, les services médicaux d’urgence (Airbus Helicopters)
- Drones civils : Pour l’agriculture, la surveillance des infrastructures, la cartographie
L’aéronautique militaire et de défense (environ 15% du secteur) comprend :
- Avions de combat : Rafale de Dassault Aviation
- Avions de transport militaire : A400M d’Airbus
- Hélicoptères militaires : Gammes Tigre, NH90, Caracal
- Drones militaires : Systèmes de surveillance et de reconnaissance
- Missiles : Systèmes de propulsion et véhicules
Le secteur spatial (environ 10%) comprend :
- Lanceurs : Ariane, Vega (ArianeGroup)
- Satellites : Télécommunications, observation, navigation, météorologie (Thales Alenia Space, Airbus Defence & Space)
- Systèmes orbitaux : Modules pour stations spatiales, véhicules automatiques
- Instruments spatiaux : Capteurs, caméras, équipements scientifiques
Structure de la chaîne de valeur
L’écosystème industriel du secteur 30.30Z s’organise en plusieurs niveaux :
- Maîtres d’œuvre (OEM – Original Equipment Manufacturers) : Airbus, Dassault Aviation, ArianeGroup
- Équipementiers de rang 1 : Fournisseurs de systèmes complets (Safran, Thales, Liebherr Aerospace)
- Sous-traitants de rang 2 : Fabricants de sous-ensembles et pièces techniques
- Sous-traitants de rang 3 et 4 : PME spécialisées dans des procédés spécifiques
Cette chaîne de valeur hautement intégrée constitue la force du modèle aéronautique français, avec une coordination étroite entre les différents acteurs.
Tendances et évolutions du marché
Le secteur aéronautique et spatial traverse actuellement une période de profonde transformation, sous l’effet combiné de plusieurs facteurs structurels.
La transition écologique au cœur des enjeux
Face à l’urgence climatique, l’industrie aéronautique s’est engagée dans une décarbonation ambitieuse avec :
- Le développement d’avions à hydrogène (objectif Airbus pour 2035)
- L’électrification des systèmes propulsifs pour les courtes distances
- L’optimisation des architectures et matériaux pour réduire la consommation
- Le déploiement des carburants durables (SAF – Sustainable Aviation Fuels)
- L’amélioration continue des moteurs conventionnels (LEAP de Safran)
Ce virage vert mobilise d’importants investissements R&D, soutenus notamment par le plan France 2030 qui consacre 1,2 milliard d’euros à l’avion décarboné.
Digitalisation et usine du futur
La transformation numérique bouleverse les méthodes de conception et de production avec :
- La généralisation du jumeau numérique pour les nouveaux programmes
- L’impression 3D métallique pour les pièces complexes
- L’automatisation et la robotisation des chaînes d’assemblage
- L’intelligence artificielle pour la maintenance prédictive
- L’analyse des données de vol (Big Data) pour optimiser les opérations
Ces évolutions permettent de réduire les cycles de développement tout en améliorant la qualité et la traçabilité des produits.
Impact de la pandémie et rebond
Après une crise historique en 2020-2021 qui a entraîné une chute de 38% du chiffre d’affaires du secteur civil, l’industrie connaît une reprise vigoureuse. Les carnets de commandes des principaux constructeurs se sont reconstitués, avec par exemple plus de 7 000 appareils en commande pour Airbus fin 2022. Ce rebond s’accompagne toutefois de tensions importantes sur les chaînes d’approvisionnement et de difficultés de recrutement, avec plus de 25 000 postes à pourvoir en 2023.
Le saviez-vous ?
La France est le seul pays au monde, avec les États-Unis, à maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur aérospatiale, depuis la conception jusqu’à l’exploitation des aéronefs et véhicules spatiaux. Cette souveraineté technologique s’étend aux systèmes propulsifs, avioniques, structures et équipements critiques.
Environnement réglementaire
Le secteur aéronautique et spatial est l’un des plus réglementés au monde, avec un cadre normatif extrêmement rigoureux visant à garantir la sécurité des vols et la conformité des produits.
Certifications aéronautiques
En Europe, l’Agence Européenne de la Sécurité Aérienne (EASA) définit les exigences de certification des aéronefs et des équipements. Les entreprises du secteur doivent se conformer à plusieurs référentiels :
- Part 21 : Pour les concepteurs et fabricants d’aéronefs et pièces
- Part 145 : Pour les organismes de maintenance
- EN 9100 : Système de management de la qualité spécifique à l’aéronautique
- REACH : Réglementation sur les substances chimiques
- ITAR : Contrôles à l’exportation pour les technologies sensibles
Ces certifications nécessitent des investissements importants en systèmes qualité et imposent des exigences documentaires strictes dans les processus de production.
Réglementations spatiales
Pour le segment spatial, des réglementations spécifiques s’appliquent :
- La loi française sur les opérations spatiales (LOS) de 2008
- Les réglementations internationales sur l’utilisation de l’espace (Traité de l’espace de 1967)
- Les normes de réduction des débris spatiaux (ECSS)
- Les droits de fréquences alloués par l’UIT pour les satellites de communication
À ces contraintes s’ajoutent des exigences de cybersécurité croissantes, notamment pour la protection des systèmes critiques contre les actes malveillants.
Enjeux environnementaux
Le cadre réglementaire environnemental se durcit considérablement pour le secteur avec :
- Le système européen d’échange de quotas d’émission (EU ETS) pour l’aviation
- Le dispositif CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) de l’OACI
- Les objectifs de réduction des émissions de CO2 du Pacte Vert européen
- L’obligation croissante d’incorporation de carburants durables (SAF)
Ces contraintes imposent aux constructeurs de développer des technologies de plus en plus économes en énergie et compatibles avec la neutralité carbone visée à l’horizon 2050.
Codes NAF connexes et différences
Le code 30.30Z s’inscrit dans un écosystème industriel plus large, avec plusieurs codes NAF connexes qui interviennent dans la chaîne de valeur aérospatiale.
Code NAF | Intitulé | Différences avec 30.30Z |
---|---|---|
26.51B | Fabrication d’instruments de navigation | Concerne les équipements avioniques et systèmes de navigation, mais pas les structures ou systèmes propulsifs |
33.16Z | Réparation et maintenance d’aéronefs et d’engins spatiaux | Spécialisé dans l’entretien et la maintenance, non dans la fabrication initiale |
71.12B | Ingénierie, études techniques | Couvre les bureaux d’études et sociétés d’ingénierie qui conçoivent mais ne fabriquent pas |
51.22Z | Transports spatiaux | Concerne l’exploitation et les services de lancement, non la fabrication |
22.11Z | Fabrication de pneumatiques | Inclut la fabrication de pneus pour aéronefs, mais pas les autres composants |
Dans la pratique, de nombreuses entreprises aérospatiales peuvent exercer des activités relevant de plusieurs codes NAF. Par exemple, un fabricant de moteurs d’avion peut également proposer des services de maintenance (33.16Z) et développer des solutions numériques pour l’optimisation des vols (62.01Z).
Répartition géographique des entreprises
L’industrie aéronautique et spatiale française présente une répartition territoriale très caractéristique, avec quatre pôles majeurs concentrant la majorité des activités.
Les grandes régions aéronautiques françaises
- Occitanie : Premier pôle aéronautique français avec Toulouse comme capitale mondiale de l’aviation civile. Cette région abrite le siège d’Airbus Commercial Aircraft, les sites d’assemblage final des familles A320, A330 et A350, ainsi qu’un vaste écosystème de sous-traitants (plus de 800 entreprises). Elle concentre environ 45% des effectifs nationaux du secteur.
- Nouvelle-Aquitaine : Deuxième pôle national avec Bordeaux et le bassin industriel de Bayonne. On y trouve notamment Dassault Aviation, Thales, Safran et de nombreux sous-traitants spécialisés dans les matériaux composites et l’aménagement intérieur.
- Île-de-France : Centre névralgique pour les sièges sociaux, l’ingénierie et la R&D. La région accueille les centres de décision des principaux groupes (Safran, Thales, Dassault) et le pôle spatial de Paris-Saclay.
- Pays de la Loire et Centre-Val de Loire : Spécialisés dans les structures, les aérostructures et les moteurs avec des sites majeurs comme celui de Safran à Villaroche.
Cette répartition s’organise souvent autour des usines des grands donneurs d’ordres, avec des écosystèmes locaux de sous-traitants. On observe également une spécialisation des territoires sur certaines compétences : la région PACA est par exemple très présente dans les hélicoptères (siège d’Airbus Helicopters à Marignane).
Taille et structure des entreprises
Le secteur aérospatial français compte environ 4 000 entreprises, avec une structure pyramidale caractéristique :
- Une dizaine de grands groupes intégrateurs (>5 000 salariés)
- Environ 100 ETI équipementiers (250 à 5 000 salariés)
- Plus de 350 PME spécialisées (50 à 250 salariés)
- Plus de 3 500 TPE et sous-traitants (<50 salariés)
Cette répartition reflète la structuration de la chaîne d’approvisionnement aéronautique, où les grands donneurs d’ordres s’appuient sur plusieurs rangs de fournisseurs. On note cependant une tendance à la consolidation depuis 2020, avec des rapprochements entre sous-traitants pour atteindre une taille critique.
Stratégies de prospection B2B
La prospection commerciale dans le secteur aérospatial présente des spécificités importantes liées aux cycles longs et à la complexité de la chaîne de valeur. Voici les approches les plus efficaces pour les entreprises cherchant à se positionner dans cet écosystème.
Segmentation et ciblage des prospects
Pour une prospection efficace dans le secteur 30.30Z, il est recommandé de segmenter le marché selon plusieurs critères :
- Position dans la chaîne de valeur : Cibler les OEM, équipementiers de rang 1, sous-traitants selon votre offre
- Programmes aéronautiques : Identifier les entreprises impliquées dans des programmes spécifiques (A320neo, Rafale F4, Ariane 6…)
- Spécialités technologiques : Matériaux composites, usinage de précision, électronique embarquée…
- Certification et agrément : Entreprises disposant de certifications spécifiques (EN 9100, Part 21…)
L’exploitation des données issues des bases professionnelles spécialisées permet d’affiner cette segmentation. Datapult.ai offre par exemple des solutions pour identifier précisément les entreprises du secteur selon leur taille, localisation et spécialisation technique.
Canaux de prospection privilégiés
Le secteur aérospatial valorise particulièrement :
- Les salons professionnels : Le Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget (SIAE), Aircraft Interiors Expo, Eurosatory pour le militaire
- Les événements de networking des clusters : Aerospace Valley, ASTech Paris Region, Normandie AeroEspace
- Les plateformes de référencement fournisseurs : Portails d’achats des grands donneurs d’ordres, BoostAeroSpace
- Les rencontres BtoB organisées : Conventions d’affaires comme Aeromart Toulouse
Dans ce secteur où la confiance et l’expertise technique sont primordiales, les approches directes et personnalisées sont généralement plus efficaces que les campagnes massives. La valorisation des références clients et des certifications obtenues constitue un levier d’entrée déterminant.
Cycles de vente et spécificités
Les cycles commerciaux dans l’aérospatial sont particulièrement longs (6 à 24 mois) et jalonnés d’étapes qualificatives rigoureuses. Les nouveaux entrants doivent anticiper :
- Des processus de qualification fournisseur exigeants
- Des phases de test et validation prolongées
- Des audits qualité et des certifications spécifiques
- Des négociations contractuelles complexes incluant des clauses de responsabilité strictes
Pour réussir dans ce contexte, il est recommandé de développer une expertise sectorielle forte et de s’inscrire dans une démarche de long terme, en cultivant des relations avec les prescripteurs techniques et les bureaux d’études.
Témoignage : l’expérience d’un sous-traitant aéronautique
“Après 15 ans dans l’industrie aéronautique comme sous-traitant spécialisé en usinage de précision, nous avons dû complètement repenser notre approche commerciale. Les grands donneurs d’ordres exigent désormais des fournisseurs capables d’accompagner leur transformation écologique. Nous avons investi dans des procédés d’usinage à sec qui réduisent drastiquement notre empreinte environnementale. Cette innovation nous a ouvert des portes chez les équipementiers de rang 1 qui cherchent à verdir leur chaîne d’approvisionnement. L’exploitation des données sectorielles nous a permis d’identifier précisément ces opportunités.”
Exploiter les données pour votre prospection
Pour les entreprises cherchant à développer leur activité dans le secteur aéronautique et spatial, l’exploitation des données sectorielles constitue un levier stratégique déterminant.
L’analyse fine du tissu industriel permet d’identifier les opportunités les plus pertinentes selon votre positionnement : grands programmes en développement, chaînes d’approvisionnement en restructuration, territoires en croissance ou entreprises en phase de diversification.
Les périodes de transformation, comme celle que traverse actuellement le secteur avec la transition écologique et numérique, génèrent des opportunités particulièrement intéressantes pour les nouveaux entrants capables d’apporter des solutions innovantes. Les données sur les investissements R&D, les brevets déposés et les consortiums de recherche constituent des indicateurs précieux pour anticiper ces évolutions.
En s’appuyant sur des outils d’analyse sectorielle spécialisés, il devient possible de construire une stratégie de prospection ciblée et efficace, adaptée aux spécificités de cette industrie où la qualité des relations partenariales détermine largement le succès commercial.